Le président Barack Obama devait défendre mercredi sa vision de l'économie face à un Congrès toujours hostile, en lançant une campagne de terrain sur le thème de la revitalisation de la classe moyenne américaine.
Le dirigeant démocrate, après s'être beaucoup consacré à la politique étrangère ces deux derniers mois, est attendu en milieu de journée à Galesburg, petite agglomération de son ancien fief de l'Illinois (nord), pour un discours-cadre sur ses ambitions économiques.
C'est également à Galesburg, une ville touchée par la désindustrialisation, que M. Obama avait prononcé il y a huit ans sa première intervention d'envergure au sujet de l'économie sur la scène nationale, quelques mois après avoir pris ses fonctions au Sénat. Il y avait déjà parlé du renforcement de la classe moyenne comme garant de la prospérité du pays tout entier.
Depuis, les Etats-Unis ont subi la pire récession en deux générations, avec plus de 10 millions d'emplois perdus. Le taux de chômage, de 5% début 2008, a bondi à 10% en moins de deux ans avant de retomber actuellement à 7,6%. Mais récemment, de nombreux indicateurs de fond sont repassés au vert et Wall Street bat record sur record.
Cinq ans après l'éclatement de la crise financière, "le sol est un peu plus ferme, mais il y a encore beaucoup à faire pour que la classe moyenne se sente en sécurité", a argumenté lundi soir M. Obama en évoquant face à ses partisans les thèmes de son discours, le premier d'une campagne qui devrait durer au moins jusqu'à la fin septembre selon des responsables de la Maison Blanche.
A Galesburg, comme à Warrensburg (Missouri, sud) où il se rendra ensuite, le président a l'intention de parler de "la sécurité de l'emploi, une bonne formation, un foyer à soi, des soins médicaux abordables et l'opportunité de mettre de l'argent de côté pour sa retraite" selon son proche conseiller Dan Pfeiffer. Une autre intervention est prévue jeudi à Jacksonville (Floride, sud-est).
Nouveaux affrontements budgétaires
La présidence est restée discrète sur la teneur concrète des mesures avancées par le président. Ce dernier a assuré lundi qu'il présenterait "des idées ambitieuses", certaines "déjà présentées dans le passé, d'autres qui seront nouvelles".
Ces ambitions risquent toutefois de se heurter au refus des républicains majoritaires dans une Chambre des représentants souveraine en matière d'engagements de dépenses. Ces élus ont bloqué nombre d'initiatives présidentielles depuis début 2011.
M. Obama n'a toujours pas étoffé le bilan législatif de son second mandat, subissant notamment un échec sur l'encadrement de la circulation des armes à feu. L'avenir à la Chambre de la réforme de l'immigration récemment votée par le Sénat semble au mieux incertain.
L'offensive débutant mercredi pourrait permettre à M. Obama d'occuper le terrain à l'approche de nouvelles batailles budgétaires au Congrès, et alors que nombre de parlementaires commencent à tourner leur regard vers les élections de novembre 2014: la totalité de la Chambre et le tiers du Sénat seront renouvelés.
Un énième relèvement du plafond de la dette, une prérogative du Congrès, devrait être nécessaire dès septembre. Pendant l'été 2011, les républicains avaient tenté d'obtenir une forte réduction des dépenses à cette occasion, mettant les Etats-Unis au bord du défaut de paiement.
Mardi, le président de la Chambre John Boehner a juré qu'il n'avait pas l'intention de "relever le plafond de la dette sans véritables coupes dans les dépenses". "Nous ne négocierons pas sur la responsabilité du Congrès de régler les factures que le Congrès a accumulées", a répliqué le porte-parole de M. Obama, Jay Carney.
Cette crise en devenir risque d'exacerber l'incapacité des conservateurs et des alliés du président à s'entendre sur un budget, qui a déjà déclenché en mars une cure d'austérité drastique pour l'Etat fédéral.
M. Obama souhaite que tout accord budgétaire, nécessaire pour assurer la poursuite des opérations de l'Etat après octobre, remplace l'austérité par un cocktail de réductions de dépenses et de hausses d'impôts pour les plus aisés, impossible à envisager selon les républicains.