La Russie ne respecte pas suffisamment les engagements pris pour adhérer à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) et l'Union européenne pourrait décider d'en découdre, a averti mercredi le commissaire européen en charge du Commerce Karel De Gucht.
"Loin de profiter de son statut de nouveau membre de l'OMC pour se réformer, la Russie ne respecte même pas ses engagements" dans certains domaines, a affirmé mercredi le commissaire lors d'une allocution au Parlement européen.
"Nous voulons voir ces problèmes résolus le plus vite possible. Nous préférerions négocier. C'est la solution la plus efficace et la plus rentable", a indiqué M. De Gucht, alors que Moscou est devenu officiellement en août, après 18 ans de négociations, le 156e membre de l'OMC.
"Si ce n'est pas possible, nous sommes prêts à recourir à tous les moyens légaux à notre disposition. Depuis l'entrée de la Russie à l'OMC, cela peut se traduire par un règlement de différend devant l'OMC", a-t-il ajouté, quinze jours avant un sommet UE-Russie à Bruxelles.
"Les Européens n'attendront pas indéfiniment pour parvenir à un accord. Et l'horloge tourne", a menacé le commissaire européen.
Principaux sujets d'inquiétude pour Bruxelles: la mise en place de taxes pour le recyclage des voitures qui s'avèrent discriminatoires envers les véhicules importés, les restrictions aux importations d'animaux vivants en provenance de l'UE et la hausse des prix sur certains produits importés de l'UE.
"Cela semble être une nouvelle entrave à une des règles de base de l'OMC", affirme M. De Gucht, s'inquiétant des pertes accusées par les entreprises européennes et par les retombées sur l'emploi.
Cette mise en garde survient avant un sommet entre l'Union européenne et la Russie, qui se tiendra le 21 décembre à Bruxelles.
La Russie est le troisième partenaire commercial de l'UE, qui est, de son côté, le premier partenaire commercial de la Russie. Les échanges de biens s'élèvent à 300 milliards d'euros entre l'UE et la Russie, et à environ 40 milliards pour les services.
L'entrée de la Russie à l'OMC "va exiger une adaptation sérieuse de notre économie aussi bien à un nouveau niveau de concurrence et à un niveau plus élevé d'ouverture", avait récemment affirmé le président russe Vladimir Poutine.
Dès son adhésion à l'OMC, certains experts avaient averti que l'économie russe, qui repose essentiellement sur les exportations d'hydrocarbures, n'était pas suffisamment diversifiée pour faire face aux chocs externes et manquait cruellement de produits compétitifs.