Près de 5.000 stations-service étaient en panne de carburants mercredi et le branle-bas de combat décrété à l'Elysée pour enrayer la pénurie ne suffira pas à résoudre la crise avant le début vendredi des vacances de Toussaint.
A deux jours des congés, la situation s'est encore dégradée mercredi avec, selon le gouvernement, près de 5.000 des 12.300 stations-service du territoire en rupture totale ou partielle d'approvisionnement, contre 4.000 la veille.
Le ministre de l'Energie, Jean-Louis Borloo, a annoncé à l'Assemblée nationale que 3.190 stations-service étaient "momentanément vides" en France et que 1.700 manquaient d'essence ou de gazole.
Mardi, M. Borloo avait fait état d'un "peu moins de 4.000 stations-service en attente d'approvisionnement".
Les premiers effets commencent à se faire sentir sur le tourisme, mais aussi chez les autocaristes et les infirmiers libéraux.
Le président Nicolas Sarkozy a ordonné le déblocage de "la totalité des dépôts" de carburants "afin de rétablir au plus tôt une situation normale" mais les accès à certains ont été rebloqués mercredi par des manifestants opposés à la réforme des retraites, comme à Donges (Loire-Atlantique).
Le Premier ministre, François Fillon, a lui-même parlé mardi de "quatre à cinq jours" pour régler la situation.
"Plusieurs jours seront nécessaires pour revenir à une situation normale", a résumé mercredi Jean-Paul Deneuville, délégué général de la Fédération nationale des transports routiers. Il a évoqué avec prudence un délai d'au moins "48 à 72 heures".
Pour cela, il faut une "véritable accessibilité des dépôts" et une "optimisation des moyens de transport existants et suffisants", c'est-à-dire que les camions puissent rouler et réapprovisionner les pompes, a-t-il expliqué à l'AFP.
Les distributeurs de carburants dressent le même constat. Frédéric Plan, porte-parole des indépendants de la FF3C (Fédération française des combustibles, carburants et chauffage), pointe la difficulté posée par "des embouteillages aux centres de stockage". "Il y a aussi des dépôts qui n'ont pratiquement plus de produit: le réapprovisionnement de ces dépôts reste un problème", souligne-t-il.
Selon la FF3C, quatre régions sont très touchées: Normandie, Champagne-Ardennes, Ile-de-France et Picardie.
Signe d'une inquiétude persistante, le secteur du tourisme a noté de son côté un ralentissement des réservations.
"Les clients qui doivent partir partent. Le problème vient plus des clients qui s'inscrivent pour plus tard. Ils sont attentistes", a expliqué à l'AFP le PDG du tour-opérateur Voyageurs du monde, Jean-François Rial. Chez Odalys, numéro deux de l'hébergement touristique en France, "un ralentissement des prises de commandes est observé également depuis dimanche".
Autre victimes de la pénurie, les grossistes du marché d'intérêt national de Rungis (Val-de-Marne) se sont déclarés "soucieux", la pénurie perturbant les approvisionnements en marchandises et les déplacements des clients.
Les autocaristes ont pour leur part prévenu qu'ils auraient du mal à remplir leur mission dès "samedi soir", selon le président de la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV), Michel Seyt.
Quant aux soins à domicile, ils ne pourront "bientôt plus être assurés" dans "au moins 17 départements", selon le syndicat national des infirmiers libéraux (Sniil).