Le groupe Nouvelles Frontières change de patron en raison de "divergences de vues" sur l'avenir de l'entreprise déficitaire alors que sa maison-mère britannique TUI Travel réfléchit à regrouper toutes ses activités France dans une seule structure pour faire des économies.
Lundi matin, un court communiqué du groupe qui comprend le voyagiste Nouvelles Frontières et la compagnie aérienne Corsairfly a annoncé, contre toute attente, le départ de son président et son remplacement par l'actuel directeur général de Corsairfly, Pascal de Izaguirre.
Motif de ce changement surprise: des "divergences de vues", a indiqué le groupe sans plus d'explications.
Mais, croit savoir la lettre de l'Expansion, TUI Travel, leader européen du tourisme de loisir en Europe, réfléchit "à rassembler toutes ses entités françaises dans une structure qui pourrait être chapeautée par une seule personne". But de la manoeuvre: "mettre en place des synergies", autrement dit faire des économies.
Début février, TUI Travel, qui publie ses résultats semestriels mardi, avait prévenu que les événements en Tunisie ou en Egypte pourraient affecter ses prochains résultats à hauteur de 35 millions d'euros.
Les entités françaises en question concernent surtout le voyagiste Marmara, spécialiste du moyen courrier, de la Tunisie à la Turquie.
Marmara a affiché 23,61 millions de bénéfices sur l'exercice 2009/10 pour un chiffre d'affaires de 591 millions d'euros. Le voyagiste a transporté 1,12 million de clients qui empruntent Corsairfly uniquement sur l'une de ses deux destinations long courrier, l'île Maurice, l'autre, la République dominicaine n'étant plus desservie par cette compagnie.
Interrogé par l'AFP, le directeur général du tour-opérateur Florian Vighier, a refusé de commenter une éventuelle réorganisation des activités françaises de TUI Travel.
M. de Izaguirre, énarque de 53 ans qui a effectué toute sa carrière dans le secteur aérien notamment à Air France, a pris la direction générale de Corsairfly en juin 2010 seulement.
Il continuera à assurer la gouvernance de Corsairfly, selon le communiqué publié lundi, à charge pour lui de faire passer dans le vert une compagnie qui à elle seule plombe les comptes de Nouvelles Frontières.
L'an dernier, les pertes de l'ex-Corsair ont représenté 83% des -31,2 millions du groupe dans un contexte économique difficile auquel se sont ajoutées les grandes grèves aux Antilles, destination historique du voyagiste.
Corsairfly a transporté l'an dernier 1,45 million de passagers et réalisé un chiffre d'affaires d'un milliard d'euros.
Le groupe avait mis en place il y a un an un plan de réorganisation de la compagnie, baptisé "Take off 2012" ("décollage 2012") qui s'est traduit par le départ de 330 salariés sur quelque 1.500 salariés, la modernisation et le renouvellement de la flotte de Corsairfly.
L'enjeu est aussi de transformer Corsairfly en une compagnie régulière long courrier tournée vers le tourisme de loisir, en sortant complètement du modèle charter.
Une réorganisation des dessertes et un recentrage sur Paris-Orly de la compagnie aux dépens de la province prévu pour s'achever d'ici à la fin de l'année, avait été également décidé.
Ce plan "Take off", validé par le personnel, avait été aussi accepté par la maison-mère du groupe qui avait prévu de verser 286 millions d'euros par étapes successives pour le financer.