L'architecte des réformes économiques à la chute du communisme en Pologne Leszek Balcerowicz, fervent partisan du libre marché, a installé mardi au coeur de Varsovie un "compteur de la dette publique" pour mettre en garde contre les dangers d'un endettement excessif.
"L'état actuel de nos finances publiques est, à mon avis, le plus grand obstacle susceptible d'empêcher la Pologne de rattraper rapidement les pays occidentaux", a déclaré M. Balcerowicz à la presse à Varsovie.
Le compteur affichait sur un grand écran du centre-ville une dette publique polonaise de plus de 724 milliards de zlotys (182 milliards d'euros) en grands chiffres gras rouges dont les unités, dizaines, centaines et milliers augmentaient à grande vitesse.
Les organisateurs précisaient de leur côté que la hausse était de 150 millions de zlotys par jour.
"La Pologne a la capacité de rattraper l'Allemagne en 20 ans, mais pas avec un tel fardeau budgétaire. Si quelqu'un promet à la Pologne un miracle économique, il doit commencer par réformer les finances publiques, sinon ses promesses sont vides", a lancé M. Balcerowicz.
M. Balcerowicz est le père de la "thérapie de choc", politique sans précédent, qui avait conduit la Pologne à l'économie de marché après la chute du communisme en 1989.
Le gouvernement libéral du Premier ministre Donald Tusk évalue à 53,2% du produit intérieur brut la dette publique de ce pays de 38 millions d'habitants en 2010.
Ce ratio devrait atteindre 54,2% du PIB l'an prochain et 54,3% en 2012, selon le ministère des Finances. La constitution polonaise impose un plafond de 55% du PIB.
Le pacte européen de stabilité exige de limiter la dette publique à 60% du PIB et le déficit annuel des finances publiques à 3%.
Membre de l'union européenne depuis 2004, la Pologne devrait enregistrer un déficit public de 7,0% du PIB cette année.
Avec une hausse de 1,8% de son activité économique, la Pologne est le seul des 27 membres de l'Union européenne à avoir maintenu la croissance en 2009 malgré la crise mondiale.
Le ministère polonais de l'Economie table cette année sur une croissance de 3,3% du PIB.
Le chef de la Banque centrale de Pologne (NBP) Marek Belka a jugé "possible" récemment une croissance de 4% en 2010.