Déjà au 2e rang en Europe, l'aéroport parisien de Roissy va encore s'agrandir avec l'ouverture en 2012 d'une nouvelle salle d'embarquement de 100.000 m2 capable d'accueillir 7,8 millions de passagers, une expansion indispensable dans la course pour le contrôle du ciel européen.
Baptisé Satellite 4 (S4), ce nouveau bâtiment --une extension du terminal 2E-- "fait pleinement partie de notre stratégie d'amélioration de la qualité de services", a expliqué Pierre Graff, PDG d'Aéroports de Paris (ADP), gestionnaire des aéroports parisiens.
"Après l'ère de développement des capacités d'accueil, voilà l'ère de la qualité de services, une question qui reste préoccupante", a-t-il reconnu lors d'une conférence de presse.
En trois ans, le taux de satisfaction des voyageurs est passé de 80 à 85,6% "mais cela n'est pas suffisant, il faut atteindre le seuil symbolique de 90%", a-t-il ajouté, l'aéroport ne figurant pas en tête des classements internationaux.
Dédié aux vols long-courriers, le S4, qui ouvrira au troisième trimestre 2012, complètera la plateforme de correspondances ("hub") de l'alliance SkyTeam regroupant treize compagnies sous la houlette d'Air France-KLM et manne de revenus substantiels pour ADP.
L'an passé, sur les 57,9 millions de passagers, plus de 62% ont voyagé sur des compagnies de l'alliance.
Le "hub" opère sur les terminaux 2E, 2F et 2G à l'est de Roissy.
L'objectif est de réduire le temps de trajet dans les aérogares et la durée des correspondances --une heure en moyenne aujourd'hui. Le voyageur pourrait s'épargner environ 10 minutes de marche, de "l'agacement en moins", a souligné le patron d'ADP.
Pour ce faire, jusqu'à seize avions pourront être "au contact" (embarquement et débarquement direct des passagers sans passer par un bus) du satellite 4, en simultané, dont sept gros porteurs de nouvelle génération airbus A380.
Le taux de contact va passer de 79% aujourd'hui à 87% quand les standards de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) imposent 80%.
Le satellite, un investissement de 560 millions d'euros et dont le chantier mobilise 1.500 personnes à temps plein, sera en outre doté d'un espace de 3.300 m2 de commerces, bars et restaurants.
"Les commerces sont centraux pour nous, ils représentent 33% de notre chiffre d'affaires mais 60% de notre résultat opérationnel. Notre chiffre d'affaires par passager a augmenté de 26% en trois ans", a indiqué M. Graff.
Un espace à "la sophistication d'un grand magasin parisien", estime l'architecte François Tamisier. "Les passagers doivent avoir le sentiment d'être à Paris et non à Dubaï".
Interrogé sur l'augmentation des capacités de Roissy (80 millions de passagers en 2012) au moment où le trafic aérien pâtit de la crise, M. Graff a rétorqué qu'il fallait "être prêt quand la reprise sera là" d'autant que ses concurrents, Heathrow, Francfort et même Madrid, investissent massivement.
En attendant la reprise prévue à partir de 2011, ce satellite permettra de rénover "sereinement" les autres terminaux, à commencer par le 2B, base de la compagnie britannique à bas coûts easyJet, à fort potentiel de croissance.
Sur le plan environnemental, Bernard Cathelain, directeur général adjoint, a noté que le bâtiment sera moins "énergivore" (-20% des dépenses de chauffage par exemple) mais à l'extérieur, les riverains s'inquiètent.
"Une nouvelle salle d'embarquement, c'est bien pour les passagers, mais nous, nous pensons aux gens qui ne peuvent pas dormir la nuit", a déclaré Michel Tournay, président de l'Association pour le respect de l'environnement et du cadre de vie (Arec - Plaine de France).