Le voyagiste Thomas Cook s'est effondré mardi à la Bourse de Londres, perdant les deux tiers de sa valeur dans la matinée, après avoir annoncé être entré en discussion avec ses banques pour financer sa dette face à la détérioration accélérée de son activité.
Vers 11H15 GMT, le titre Thomas Cook perdait 66,99% à 13,57 pence, dans un marché en hausse de 0,82%.
Il a dévissé de près de 93% depuis le début de l'année et certains analystes évoquent désormais un risque de faillite.
Thomas Cook, numéro deux du secteur en Europe, a indiqué être en discussion avec ses principales banques créancières sur ses facilités de crédit "en raison d'une détérioration commerciale dans certaines activités sur le trimestre en cours".
La groupe, dont la dette nette atteignait 900 millions de livres (1 milliard d'euros) fin septembre, a ajouté qu'il cherchait à obtenir des "ajustements qui amélioreraient sa résistance si la situation commerciale restait difficile", tout en se disant en mesure de faire face à ses obligations financières à l'heure actuelle.
Il a également repoussé la publication de ses résultats annuels - initialement prévue pour jeudi - jusqu'à l'issue de ces discussions, précisant que le résultat opérationnel pour l'exercice clos le 30 septembre serait globalement en ligne avec ses prévisions, c'est-à-dire légèrement bénéficiaire.
Les performances de Thomas Cook ont été plombées par l'impact sur le tourisme des troubles dans les pays arabes et une activité en berne au Royaume-Uni comme en France, qui l'ont obligé à revoir plusieurs fois à la baisse ses objectifs et à priver les actionnaires de dividendes.
Cette nouvelle annonce intervient seulement un mois après un nouvel accord avec les banques du groupe, qui lui avait offert plus de flexibilité financière et une nouvelle ligne de crédit.
"C'est un choc de voir que le groupe a besoin de plus de +flexibilité+ en raison d'une détérioration de son activité et de sa trésorerie, seulement 32 jours après une renégociation" avec ses banques, a souligné James Hollins, analyste chez Evolution Securities.
"On peut légitimement se demander si Thomas Cook a la capacité de survivre à long terme", a-t-il ajouté.
"La dernière chose que veulent les actionnaires est un manque de transparence sur les performances de l'entreprise, et le retard dans la publication des résultats annuels ne va faire qu'alimenter la peur et les rumeurs", a commenté Joshua Raymond, analyste chez City Index.
Face à ce vent de panique, le directeur général par intérim, Sam Weihagen, a tenté de rassurer, en assurant que l'entreprise restait "robuste".
"Notre activité continue normalement. Les vols partent à l'heure, les agences sont ouvertes et nous prenons des réservations", a-t-il insisté.
Le groupe est toutefois contraint de réduire la voilure, prévoyant de réduire sa flotte de 41 à 35 avions pour aligner la capacité sur la demande et pourrait fermer jusqu'à 200 agences. Il a aussi prévu de se débarrasser de quelque 200 millions de livres d'actifs.
La vacance du pouvoir à la tête du groupe ajoute encore aux difficultés: l'ancien directeur général Manny Fontenla-Novoa a été contraint à la démission cet été et son successeur n'a toujours pas été nommé.
Son grand concurrent TUI Travel, qui doit publier ses résultats annuels le 5 décembre, reculait dans son sillage mardi, perdant en fin de matinée 6,57% à 140,7 pence.