La Bourse de Paris a fortement reculé mercredi, pénalisée par des inquiétudes sur la croissance chinoise et la crise bancaire espagnole qui a provoqué une nouvelle envolée des coûts de financement de Madrid et de Rome sur le marché de la dette.
Le CAC 40 a clôturé en baisse de 2,24% à 3.015,58 points dans un volume d'échanges de 3,158 milliards d'euros. La veille, il s'était octroyé 1,37%.
Sur les autres places européennes, Francfort a cédé 1,81%, Londres 1,74%. De son côté, l'Eurostoxx 50 a perdu 2,04%.
"Une très grande aversion au risque a une nouvelle fois paralysé les échanges", résume Frédéric Rozier chez Meeschaert Gestion Privée.
L'Espagne a concentré la majeure partie des inquiétudes.
Le Fonds public d'aide au secteur bancaire (Frob) du pays va réaliser une émission obligataire pour trouver les 19 milliards d'euros nécessaires au sauvetage de Bankia, la troisième banque espagnole par actifs.
"A quel prix va se faire cet emprunt ?", s'inquiète M. Rozier, alors que les conditions de financement de Madrid ne cessent de se détériorer sur le marché obligataire.
La Commission européenne a certes estimé que la recapitalisation des banques ibériques par le fonds de sauvetage de la zone euro, le MES, "pourrait être envisagée".
"Mais cette information est prise avec beaucoup de précaution par les investisseurs. Nous n'en sommes encore qu'au stade des négociations et Berlin s'oppose toujours à une telle hypothèse", souligne M. Rozier.
Les intervenants ont également accusé le coup après un emprunt obligataire de l'Italie. Rome a levé 5,74 milliards d'euros à moyen et long terme, mais a dû concéder des taux en forte hausse lors de cette opération.
"La Chine a (aussi) refroidi l'optimisme des marchés puisqu'elle ne devrait pas stimuler son économie à grande échelle", relèvent les analystes de Saxo Banque.
En effet, si Pékin n'exclut pas des mesures ciblées, aucun plan de relance de grande ampleur comme celui de 4.000 milliards de yuans (500 milliards d'euros) décidé après la crise financière ne devrait être cette fois mis en oeuvre pour limiter le ralentissement de la deuxième économie mondiale, selon l'agence Chine nouvelle.
Enfin, les statistiques publiées mercredi n'ont pas été de nature à redonner de l'espoir aux investisseurs. En zone euro, le net repli de l'indice de confiance des chefs d'entreprises et des consommateurs en mai s'est ajouté au ralentissement des crédits au secteur privé en avril. Outre-Atlantique, les promesses de ventes de logements ont nettement reculé en avril, signe de la lenteur de la reprise du secteur du BTP dans le pays.
Sur le front des valeurs, le secteur cyclique a été affecté par les réponses moins fortes qu'espéré des autorités chinoises. Saint-Gobain a enregistré le plus fort recul de la cote (-5,07% à 29,22 euros), suivi de près par Vallourec (-3,84% à 31,40 euros), ArcelorMittal (-3,66% à 11,45 euros) ou encore Peugeot (-3,46% à 8,21 euros).
Lafarge a reculé, pour les mêmes motifs, de 1,14% à 30,0 euros ne profitant pas du relèvement de recommandation d'Exane BNP Paribas sur le titre de "neutre" à "surperformance".
Hors CAC 40, Bioalliance Pharma s'est envolé (+6,57% à 3,57 euros). Son dossier sur son nouveau traitement de l'herpès labial récurrent, a été jugé recevable par les autorités sanitaires américaines (FDA).
Air France-KLM a lâché 2,80% à 3,51 euros à la veille d'une assemblée générale qui s'annonce particulièrement houleuse pour le groupe.
Pierre et Vacances a chuté de 7,65% à 16,42 euros après l'annonce d'une perte accrue de 9,4% au premier semestre de son exercice décalé.
TF1 a cédé 5,66% à 6,0 euros, alors que, selon Le Figaro, le gouvernement socialiste réfléchit au rétablissement de la publicité après 20H30 sur les antennes de France Télévisions.