par Sophie Louet
PARIS (Reuters) - L'UMP fait place aux "Républicains" samedi lors d'un congrès fondateur orchestré par Nicolas Sarkozy qui va réunir, sous le sceau officiel de la réconciliation, tous les prétendants de droite à l'investiture présidentielle pour 2017.
La réunion, "une démonstration de force et d'unité" à l'heure des "déchirements du Front national et des divisions du Parti socialiste", selon la direction du parti, s'est ouverte à Paris, à La Villette, en présence de quelque 20.000 cadres et militants qui ont découvert un nouveau logo : un "R" bleu marine sur fond blanc dont la barre figure le drapeau français.
Les adhérents de la désormais ex-UMP ont approuvé massivement le changement d'appellation, 83,28% contre 16,72%, selon les résultats du vote électronique dévoilés vendredi soir par la Haute autorité chargée de superviser la consultation.
Ils ont par ailleurs dit oui à 96,34% aux nouveaux statuts de la formation et à 94,77% à son bureau politique pléthorique.
Ces scores ont valeur de plébiscite pour Nicolas Sarkozy, porté à la tête du parti le 29 novembre dernier avec 64,5% des suffrages, même si la participation (45,74%) est en deçà des attentes de la direction.
Sans attendre la grand'messe de La Villette, dont le budget a été limité à quelque 550.000 euros en raison des difficultés financières du parti, Nicolas Sarkozy a lancé un appel à "tous les Républicains de France" par-delà le clivage droite-gauche.
"CRI DE RALLIEMENT"
Dans son adresse, publiée vendredi soir sur le tout nouveau site www.republicains.fr et dont la mise en page rappelle un ordre de mobilisation militaire, le président des "Républicains" engage officiellement "la marche de l'alternance".
"'Républicains', ce n'est pas seulement le nouveau nom d'un parti. C'est le cri de ralliement de toutes celles et de tous ceux qui souffrent de voir la République reculer tous les jours et qui veulent opposer à ce recul un refus déterminé", écrit-il.
Il fustige au passage "l'enfermement communautariste", "la guerre des origines et des mémoires", "la barbarie et la sauvagerie". Point de programme dans cette harangue -- les propositions sont renvoyées à juin 2016 -- mais une "philosophie" du rassemblement censée réconcilier sarkozystes et centristes.
L'ancien chef de l'Etat, qui est déjà entré en pré-campagne contre François Hollande, surnommé "Moi je", avec des accents de revanche, assurait jeudi : "Ce n'est pas le parti de Sarkozy ou d'un autre, c'est une force qui prépare l'avenir".
"J'ai aimé l'UMP, je suis sûr que j'aimerai les Républicains", déclare samedi dans Le Figaro Alain Juppé, le plus sérieux rival de Nicolas Sarkozy pour 2017, qui a pris soin d'occuper l'espace médiatique.
"Le nom des 'Républicains', c'est pratiquement un programme politique", juge Frédéric Péchenard, directeur général du parti.
Pour Jérôme Fourquet (Ifop), "le fait de s'appeler 'Les Républicains' va sans doute permettre, et il a déjà commencé, à Nicolas Sarkozy d'aller assez loin dans le combat idéologique contre le FN sur les thématiques des frontières, de l'identité, de l'assistanat, de la laïcité".
"UN TEMPS POUR TOUT"
Le nom de baptême de la future écurie présidentielle du chef de l'opposition a fait l'objet d'un recours judiciaire en urgence de la part de personnalités et partis de gauche qui dénoncent l'"accaparement" indu d'un bien commun.
Ce recours a été rejeté mardi par le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris, ce qui a suscité les lazzi de Nicolas Sarkozy, prompt à remercier "ces aimables socialistes" pour leur "publicité gratuite". Les requérants ont annoncé qu'ils feraient appel.
Les principaux responsables du parti se sont ralliés sans enthousiasme à ce changement d'appellation, et certains élus, comme Edouard Philippe ou Jean-Luc Moudenc, ont voté contre.
"L'essentiel, c'est le projet d'alternance que nous allons porter pour sortir les Français de la difficulté", a souligné Bruno Le Maire dans Le Monde.
Le député de l'Eure, qui devrait annoncer en janvier prochain s'il concourt à la primaire, marque sa différence tout en encourageant l'union, un équilibre délicat qui s'imposera samedi à tous les rivaux de Nicolas Sarkozy. Les organisateurs ne redoutent rien tant qu'un tour de chauffe partisan renvoyant aux querelles intestines passées.
Alain Juppé le sait, lui qui avait été chahuté en février dernier par les militants -- sarkozystes de coeur et de raison -- lors du conseil national de l'UMP. "Cette journée doit être un moment d'unité. (...) Il y a un temps pour tout", dit-il dans Le Figaro en se présentant comme "un homme de droite ouvert, pas sectaire".
Le maire de Bordeaux interviendra samedi, comme les autres ténors, au rythme de "séquences thématiques" impliquant ostensiblement la société civile, avant le discours de Nicolas Sarkozy, prévu à 15h00.
(avec Ingrid Melander, édité par Chine Labbé)