L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a relevé légèrement jeudi sa prévision de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2017, appelant toutefois le marché à s'armer de patience face au processus de rééquilibrage entre l'offre et la demande.
Après un rebond de la consommation au deuxième trimestre, l'agence prévoit que la demande mondiale augmente de 1,4 million de barils par jour (soit +1,5% ou encore +0,1 mbj comparé à son estimation précédente) pour atteindre 98 millions de barils par jour en 2017.
Elle anticipe une croissance similaire de 1,4 mbj pour 2018 avec une demande mondiale devant s'élever à 99,4 mbj.
Après une demande jugée "médiocre" au premier trimestre, les chiffres provisoires de l'agence font état d'une "accélération spectaculaire" d'1,5 mbj au deuxième trimestre. Un rebond dû à une hausse attendue de la consommation en Inde combinée à un appétit "surprise" en provenance des Etats-Unis et de l'Allemagne.
Plusieurs facteurs, comme le niveau de stocks encore élevé et l'augmentation de la production pétrolière en juin malgré le maintien de plafonds en vigueur depuis fin 2016, continuent à entretenir le déséquilibre entre l'offre et la demande.
"L'équilibre du marché actuel implique un déstockage de 0,7 mbj au deuxième trimestre" mais "le niveau actuel des stocks ne soutient pas ce scénario", prévient l'AIE qui fait état d'"une réduction modérée" en juin des stocks des pays industriels de l'OCDE.
Le processus de rééquilibrage du marché a également pâti en juin de la hausse de la production des 14 pays de l'Opep à 32,61 millions de barils par jour (mb/j), son plus haut niveau de l'année.
Les deux pays exemptés de l'accord de plafonnement de production, le Nigeria et la Libye, ont ouvert davantage leurs robinets.
Des quotas moins respectés
Mais aussi, certains producteurs n'ont pas respecté les quotas auxquels ils étaient pourtant liés.
Ainsi en juin, le taux de conformité (78% contre 95% en mai) à ces exigences a été le plus bas depuis le début de l'année chez les producteurs de l'Opep et dépassé pour la première fois par celui des pays hors Opep (82%), détaille le rapport.
Face aux investisseurs qui considèrent que le rééquilibrage du marché pétrolier et la remontée des prix tardent à se faire sentir, l'agence estime qu'il faut cependant s'armer de patience.
Elle rappelle que l'accord passé entre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et d'autres pays producteurs pour réduire leur production d'or noir, scellé fin 2016 et renouvelé en mai, court jusqu'en mars 2018.
"Son succès est jugé sur toute la période plutôt que sur un mois", souligne le rapport qui préconise d' "attendre et voir si l'évolution de l'offre du cartel dans son ensemble impose un ajustement aux arrangements actuels".
Le comité de suivi mis en place par l'Opep et ses partenaires doit se réunir le 24 juillet prochain à Saint-Pétersbourg en Russie pour faire le point sur la mise en place de leur accord.
"Nous devons attendre un peu plus longtemps pour vérifier si le processus de rééquilibrage a effectivement commencé au deuxième trimestre et si la confiance en berne des investisseurs est justifiée ou pas", conclut l'agence.
La production des pays non membres de l'Opep est attendue en hausse de 0,7 mbj en 2017 et de 1,4 mbj l'an prochain, tirée en premier lieu par les Etats-Unis.