Le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique Gordon Brown ont justifié vendredi à Bruxelles leur décision de taxer les bonus bancaires versés en 2009 et ont assuré que d'autres pays suivraient bientôt leur exemple.
"Pourquoi le faire maintenant ? Parce qu'on ne peut taxer les bonus que si on les taxe des deux côtés de la Manche", a expliqué M. Sarkozy lors d'une conférence de presse commune à Bruxelles.
"Nous attendons que les autres fassent de même parce que nous sommes dans un monde mondialisé et, par conséquent, nous avons décidé de montrer le chemin ensemble", a-t-il ajouté.
"Je pense qu'il eut été très difficile pour Gordon Brown d'expliquer qu'il était le seul à le faire. Il était impossible pour moi d'expliquer que j'étais le seul à faire. On le fait ensemble et je vois maintenant tout un tas de déclarations de chefs d'Etat qui nous rejoindront", a expliqué M. Sarkozy.
"Aujourd'hui, c'est mûr. C'est fait, les esprits ont avancé, et encore une fois nos deux pays sont à la tête du changement", a-t-il insisté.
Le chef du gouvernement britannique a lui aussi assuré qu'il existait "un soutien croissant à cette mesure". "Nous avons ouvert la voie en essayant de mettre en place un système global de supervision qui soit applicable par tous les centres financiers mondiaux", a relevé Gordon Brown.
"Des taxes mondiales ne seront pas mises en place si tous les centres financiers ne nous suivent pas, mais je pense que nous recevons un soutien croissant", a-t-il insisté.
Après la décision des autorités britanniques mercredi de taxer à 50% les bonus versés en 2009 par les banques opérant sur leur territoire, la France a annoncé qu'elle appliquerait la même taxation exceptionnelle, selon des modalités à préciser dans une loi de finances rectificative début 2010.
MM. Sarkozy et Brown ont profité vendredi de leur apparition commune devant la presse pour tourner la page des tensions qui ont agité leurs deux pays après la nomination du Français Michel Barnier au poste de commissaire européen en charge du marché intérieur et des services financiers.
"Nous travaillons ensemble main dans la main depuis le début", a assuré M. Sarkozy. "Gordon Brown défend les intérêts des Anglais, moi je défends les intérêts des Français. C'est notre travail, ça veut dire que sur chaque question on doit travailler pour voir comment on peut se mettre d'accord, mais l'initiative du changement, le leadership du changement et du mouvement, nous l'avons toujours conduit ensemble", a-t-il dit.
"Nous avons des relations très fortes", a confirmé Gordon Brown. "Le président Sarkozy est l'un de nos meilleurs amis et nous travaillons très étroitement sur tous les grands dossiers", a-t-il ajouté.
La nomination de M. Barnier et les commentaires ravis de Nicolas Sarkozy qui l'ont accompagnée ont suscité des commentaires acides Outre-Manche, le ministre britannique des Finances Alistair Darling, l'association des banquiers et la presse y voyant une menace pour la City.