Dans l'attente de la publication très attendue des résultats des tests de résistance menés sur les principales banques européennes, le scepticisme domine, les marchés redoutant des critères trop laxistes ou une communication insuffisament détaillée.
Le comité des régulateurs bancaires européens (CEBS) doit livrer son verdict vendredi à 18H00 (16H00 GMT) et détailler quels établissements devront éventuellement lever des fonds pour renforcer leur situation financière.
De sources concordantes, plusieurs régulateurs ont tenté de faire avancer la publication au vendredi matin, souhaitant confronter rapidement les résultats au marché, mais la demande a été refusée.
A mesure qu'approche l'heure fatidique, régulateurs, gouvernants et banquiers ont multiplié les déclarations optimistes, laissant entendre que l'immense majorité des banques testées avaient réussi l'examen.
Un résultat qui, s'il se confirmait, laisserait le marché sur sa faim et limiterait grandement la portée de l'exercice, censée restaurer la confiance au sein du système bancaire européen.
"Sachant que tous les pays, y compris la Grèce, ont dit qu'il n'y avait aucun problème pour leurs banques, j'ai spontanément tendance à penser que les hypothèses (retenues pour les tests) ne seront pas très dures", s'inquiète Pascal Decque, analyste de Natixis.
Le marché s'inquiète du manque de précision des informations concernant ces hypothèses. Les tests de résistance consistent à soumettre les banques à des scénarios de crise plus ou moins extrèmes, comme une chute brutale de la croissance ou des marchés boursiers.
"Il est difficile de se faire une religion définitive quand on n'a pas les règles du jeu", résume ainsi M. Decque.
S'il a de nouveau salué jeudi la tenue des tests, le Fonds monétaire international (FMI) s'est également dit préoccupé par "l'incertitude concernant la rigueur de ces tests", dans un rapport publié mercredi.
Les observateurs citent en exemple les tests de résistance réalisés début 2009 aux Etats-Unis sur 19 établissements, qui leur avait permis de rebondir en Bourse et de lever les doutes après avoir levé 75 milliards de dollars.
Deux semaines avant la publication des résultats, le 7 mai 2009, la Réserve fédérale avait notamment publié une note de méthodologie précise de plus de vingt pages, alors que le CEBS s'est contenté d'un communiqué d'une page et demi début juillet.
Beaucoup rappellent également que 10 des 19 banques américaines mises à l'épreuve avaient dû faire appel au marché, alors qu'une petit poignée seulement d'établissements européens sur 91 serait cette fois retoquée.
"J'ai un peu peur qu'on ait soit peu d'informations sur les hypothèses, soit des hypothèses pas assez sévères", regrette M. Decque.
Qu'ils soient jugés probants ou non, les tests ne devraient avoir, a priori, qu'un impact limité sur le secteur, qui était en voie de normalisation depuis début juillet.
A la veille de la publication, aucun indicateur ne faisait état d'un regain de tension entre banques en Europe.
Même des résultats faisant état de l'échec de plusieurs banques ne créeraient pas de "choc systémique" ou une "crise de confiance", selon Orlando Green, stratégiste chez Crédit Agricole CIB.
"Tant qu'il n'y a pas de choc majeur, qui prendrait la forme de l'échec d'une grande banque, les résultats n'auront pas d'effet durable", prévoit-il, "même si quelques établissements de plus petite taille ont besoin d'être recapitalisés".