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Travailler, acheter après 21h00, ce n'est pas gagné en France

Publié le 24/09/2013 13:55

Apple, les Galeries Lafayette, le parfumeur Sephora...: les grandes enseignes installées dans les quartiers touristiques à Paris et des grandes villes en France se battent devant la justice et contre leurs syndicats pour pouvoir ouvrir la nuit après 21h00.

Alors qu'à New York, l'Apple store de la 5e avenue ouvre ses portes 24 heures sur 24, sept jours sur sept, à Paris, un tribunal a interdit en mars au géant américain d'employer des salariés après 21h00, sous peine d'astreinte, dans sept enseignes. La société a fait appel.

Lundi, les syndicats ont obtenu une autre victoire: la cour d'appel de Paris a imposé au parfumeur Sephora (groupe LVMH) de fermer son magasin-amiral sur les Champs-Elysées à 21H00 sous huit jours, sous peine d'astreinte de 80.000 euros par infraction et par salarié.

Sephora, qui affirme réaliser 20% de son chiffre d'affaires entre 21H00 et minuit (01h00 les vendredi et samedi), a décidé de se pourvoir en cassation.

La fermeture obligatoire à 21h00 a été contestée par une partie des 200 salariés dont 58 travaillent le soir: "Ca nous fait de l'argent en plus et c'est comme ça depuis des années", assure Touty, une vendeuse.

La fermeture à 21h00 ? "C'est un cauchemar, un coup de poignard", proteste Hunjun, la vingtaine, qui avait réussi à trouver un job lui permettant d'aller à l'école la journée, et de travailler le soir comme vendeuse dans le plus grand magasin Sephora au monde.

Le travail de nuit, pas bon pour la santé ?

Une cinquantaine de salariés sont venus lundi au tribunal pour dire qu'ils voulaient "continuer à travailler le soir". Ils ont rappelé que la plupart des travailleurs nocturnes avaient signé une pétition, publiée dans plusieurs quotidiens.

La pétition "financée par Sephora, a été un vrai chantage à l'emploi", réplique Eric Sherrer, de l'intersyndicale Clic-P, qui mène la bataille contre l'ouverture nocturne des commerces.

Ex-ministre de la Justice et maire du très chic 7e arrondissement à Paris, Rachida Dati (UMP, opposition de droite libérale) a déploré "une interprétation de la loi qui va à l'encontre de l'attractivité économique de Paris".

Son collègue UMP Pierre Lellouche, député de Paris, juge "scandaleux que dans notre pays, frappé par un chômage de masse supérieur à 10% de la population active, les syndicats se battent contre l’emploi et plus préoccupant encore que la justice leur donne raison".

Droit au travail contre Code du travail? Le débat est récurrent en France, où la loi dispose que le recours au travail entre 21H00 et 06H00 est en principe exceptionnel et doit être justifié par la nécessité d'assurer la continuité de l'activité économique ou des services d'utilité sociale.

Le travail de nuit passe alors par des accords dans l'entreprise. Les salariés bénéficient en contrepartie de repos compensateur ou de compensation salariale.

En juin 2012, juste avant les soldes, le groupe Galeries Lafayette avait dû annuler l'ouverture nocturne de ses deux principaux magasins parisiens, la justice, saisie par les syndicats, estimant que "la nécessité d'assurer la continuité de l'activité économique" n'était pas démontrée.

En juin, la marque japonaise de vêtements Uniqlo a été interdite de faire travailler les salariés de son magasin parisien après 21H00, sous peine d'astreinte.

En avril, l'accord sur le travail de nuit au sein de l'entreprise Monoprix, (supermarchés urbains de qualité), signé en 2006, a été invalidé en appel. L'entreprise s'est pourvue en cassation et continue d'ouvrir jusqu'à minuit dans certains magasins.

Fort de ces succès, l'intersyndicale Clic-P, emmenée par les deux principales centrales françaises CGT et CFDT, a entamé des procédures à l'encontre de la marque de vêtements Abercrombie & Fitch et des parfumeries Marionnaud.

Le travail de nuit n'est pas bon pour la santé, proclament ses adversaires. Le risque de cancer du sein est augmenté parmi les femmes ayant travaillé de nuit, selon une étude menée par des chercheurs de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), publiée en juin 2012 sur le site de la revue International Journal of Cancer.

Selon le ministère du Travail, 15,2% des salariés, soit 3,5 millions de personnes, travaillaient la nuit en 2009, habituellement ou occasionnellement.

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