par Gwénaëlle Barzic et Mathieu Rosemain
PARIS (Reuters) - Publicis a terminé mieux que prévu une année 2015 contrastée marquée par une génération de trésorerie record en dépit d'une croissance organique décevante et de la perte de plusieurs budgets importants.
Le numéro trois mondial de la publicité, qui avait été contraint d'abaisser ses prévisions en 2015, se montre prudent pour le nouvel exercice, dédié à la mise en oeuvre de la réorganisation de la société annoncée en décembre.
"Exiger des forts taux de croissance en même temps que la transformation serait irréaliste. C'est pour cela que nous disons que 2016 sera une année de transition", a déclaré le président du directoire, Maurice Lévy, à des journalistes.
En quête d'un second souffle depuis l'échec de son projet de mariage avec l'américain Omnicom, Publicis a engagé une refonte de son modèle pour tenter de faire travailler ensemble ses myriades d'agences accumulées au fil d'acquisitions.
Le groupe s'est également distingué de ses pairs en se diversifiant dans le conseil et la technologie via l'acquisition de l'américain Sapient pour 3,7 milliards de dollars.
Ce double pari devrait permettre à la société de revenir au niveau de ses principaux rivaux en 2017 avant de les dépasser l'année suivante, a prédit Maurice Lévy.
A plus court terme, il anticipe une hausse de l'ensemble des indicateurs financiers en 2016 mais la croissance organique devrait en revanche rester "modeste", Publicis devant absorber, outre sa réorganisation, l'impact de la perte de budgets dont une partie de ceux Procter & Gamble, L'Oréal ou encore Coca-Cola.
LA BONNE SURPRISE DU T4 DOPE LE COURS
Sur l'ensemble de 2015, le groupe a dégagé un chiffre d'affaires de 9,6 milliards d'euros, en croissance de 1,5%, meilleure que prévu, grâce à une fin d'année nettement supérieure aux attentes qui permet au titre de retrouver les faveurs de la Bourse.
A 09h46, l'action grimpait de 6,03% à 55,90 euros, signant la seule hausse du CAC 40 en baisse de 3,08% au même moment. Avant la publication des résultats, elle essuyait une baisse de 20% sur l'année écoulée, accusant une forte décote par rapport aux principaux concurrents.
"Nous voulons plus qu'un trimestre (bien que probablement inférieur à toutes les agences du groupe de référence) pour estimer que les problèmes sont réglés. Cela étant dit, les investisseurs ne vont probablement pas avoir cela à l'esprit aujourd'hui et vont se concentrer sur la jolie performance du T4", estiment dans une note les analystes d'Exane BNP Paribas (PA:BNPP) qui est à sous-performer sur la valeur.
Publicis a affiché sur les trois derniers mois de l'année, une progression de 2,8%, alors que le marché attendait environ 0,8%, aidé par l'Amérique du Nord qui a rebondi de 6,3% après un trou d'air au troisième trimestre.
Ce dynamisme a notamment permis de compenser le coup d'arrêt brutal des investissements publicitaires en France qui a suivi les attentats de novembre.
En dépit de ses contre-performances en matière de croissance, Publicis a dégagé en 2015 un flux de trésorerie libre record, dépassant un milliard d'euros, tandis que son résultat net part du groupe a progressé de 25,1% à 901 millions.
Le groupe prévoit de verser un dividende de 1,60 euro par action, en augmentation de 33,3%.
(Edité par Jean-Michel Bélot)