"Guerre économique", "combat" ou "bataille": Arnaud Montebourg signe une rentrée offensive pour défendre le "made in France" sur un ton qui consacre le changement de stratégie amorcé ce printemps afin de mieux valoriser les succès de l'industrie hexagonale... et les siens.
Après un été discret, où son collègue de l'Intérieur Manuel Valls a occupé le terrain médiatique, M. Montebourg a fait sa rentrée par la grande porte, celle de l'Elysée où il a présenté jeudi, aux côtés du président François Hollande, 34 plans pour relancer une France industrielle déclinante.
Cette rentrée flamboyante, qui s'accompagne de la sortie d'un livre mercredi, contraste avec les tensions de sa première année à Bercy, quand ses coups de gueule sur Florange contre le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, ou ses déclarations fracassantes sur le gaz de schiste, ont fait courir les rumeurs sur son départ de l'exécutif.
Près d'un an après avoir posé en marinière, l'ancien président du Conseil général de Saône-et-Loire a troqué ce vêtement pour une tenue plus adaptée à ses fonctions, le costume gris et la cravate, voire pour des habits de chef de guerre, vu sa propension à utiliser des termes martiaux dans "La bataille du made in France".
Cet appel à la mobilisation, qui sort en librairie un 18 septembre, évoque sans détour le 18 juin du général de Gaulle, quand il dénonce "une débâcle" industrielle comparable à celle de 1940, et dont il juge coupables "les généraux étoilés" qui l'ont précédé pendant dix ans les jugeant pas "à la hauteur".
Capable de chercher l'inspiration aussi bien chez Colbert, de Gaulle ou Obama, le Montebourg de cette rentrée, qui entend faire du "made in France" une cause nationale, n'est plus seulement celui qui incarnait la ligne la plus à gauche lors des primaires socialistes.
Il veut ratisser beaucoup plus large, comme il l'a démontré à Saint-Jean-de-Maurienne en juillet, lors du sauvetage de plus de 500 emplois, son plus grand succès depuis son arrivée à Bercy.
Cocorico
En Savoie, il a réussi la gageure de susciter à la fois les acclamations des salariés de l'usine d'aluminium, qui agitaient des drapeaux syndicaux, et les éloges de la PDG de Rio Tinto Alcan, Jacynthe Côté, qui l'a félicité pour "avoir déplacé des planètes" pendant les négociations.
Des patrons, qui ne font a priori pas partie de sa base électorale, saluent désormais ses efforts "pour avoir remis l'industrie au centre du débat". Mardi, le PDG d'Arkéma, Thierry Le Hénaff, l'a remercié publiquement pour défendre "avec cœur et ardeur" cette industrie. Vendredi, Vincent Bolloré a salué sur LCI son ardeur à "pousser les entreprises françaises, (à) faire cocorico".
Il semble loin le temps où il s'en prenait à Lakshmi Mittal dans la presse et irritait le patronat.
De Florange, il tire les leçons dans son livre. Une expérience "rude et forte", dit-il, tout en prévenant que la "menace" de nationalisation partielle reste sur la table pour des géants industriels aux comportements "inacceptables".
Cet épisode reste douloureux pour lui. Il revient sur la "brutalité" de la décision gouvernementale d'écarter la nationalisation et du "discrédit public" qu'il a subi, rappelant qu'il n'a pas démissionné après un appel du syndicaliste Edouard Martin.
Mais cet échec et celui de Pétroplus l'ont fait changer de méthode. Il a rangé au placard son uniforme de "pompier de service", comme il se définit lui-même. Depuis, il axe l'essentiel de sa communication sur les succès de son ministère.
Après Saint-Jean-de-Maurienne, il a enfourché un Solex pour marquer le retour partiel de la production de la marque mythique en France et la création d'une vingtaine d'emplois dans la Manche.
A peine descendu de ce deux-roues, il est parti pour Cherbourg, annoncer une commande de 200 millions d'euros pour les chantiers navals.
Désormais son discours apparait plus apaisé et mesuré, même s'il ne peut s’empêcher de tacler au passage le commissaire européen Karel de Gucht, qu'il qualifie "d'intégriste".
Et même si le naturel revient parfois au galop, comme lorsqu'il a confié à M, le magazine du Monde, qu'il ne visait désormais plus que l'élection présidentielle.