Le constructeur automobile américain Chrysler a remboursé mardi ses prêts aux gouvernements américain et canadiens, célébrant sa santé retrouvée deux ans après sa sortie de faillite, alors qu'il prépare son retour en Bourse.
"Il y a moins de deux ans, nous avons pris l'engagement de rembourser les contribuables américains et canadiens en intégralité, et aujourd'hui nous tenons cette promesse", a déclaré le directeur général du groupe, Sergio Marchionne, également directeur général de Fiat.
Chrysler a remboursé 5,9 milliards de dollars aux Etats-Unis et 1,7 milliard de dollars au Canada et au gouvernement de l'Ontario, soit un total de 7,6 milliards de dollars, "six ans avant l'échéance de ces prêts", s'est félicité le constructeur.
Le Trésor a néanmoins remarqué dans un communiqué séparé que sur les 12,5 milliards de dollars de l'aide publique totale accordée à Chrysler, 1,9 milliard de dollars investis au capital n'ont pas encore récupérés. Il juge "improbable" de recouvrer toute sa mise.
Le remboursement de ces dettes a été rendu possible par une opération de refinancement bancaire à des taux plus avantageux que les emprunts gouvernementaux, assortis de taux d'intérêt allant jusqu'à 20% pour certaines tranches.
Cette opération va permettre au constructeur, numéro cinq du marché américain, d'économiser 350 millions de dollars par an.
Le président américain Barack Obama a estimé dans une déclaration écrite que le remboursement des dettes "aux contribuables américains marque une étape importante pour le redressement de Chrysler et les innombrables communautés et familles qui dépendent de l'industrie automobile".
Venir en aide à l'industrie automobile "a nécessité des décisions difficiles, mais je ne voulais pas tourner le dos aux ouvriers de Chrysler", a-t-il ajouté.
Saluant le travail de M. Marchionne chez Chrysler, General Holiefield, vice-président du syndicat automobile UAW, lui a offert un T-Shirt de son organisation et un coffret contenant un ouvre-bouteille, "pour ouvrir le champagne" et fêter la renaissance du groupe.
L'opération de refinancement et le remboursement des prêts étaient des préalables au rachat de 16% supplémentaires de Chrysler par son partenaire Fiat, qui détient à présent 46% de l'américain. Il compte monter à 51% d'ici la fin de l'année et a même la possibilité de monter jusqu'à 70%.
Lors de son allocution dans une usine de Sterling Heights (Michigan, nord), M. Marchionne a affirmé que les constructeurs italien et américain allaient renforcer leur alliance pour former "un seul groupe" d'envergure "mondiale", rivalisant avec les tous premiers groupe automobiles de la planète, comme l'américain General Motors, l'allemand Volkswagen et le japonais Toyota.
Il a cependant souligné que le but était "non pas d'être le plus gros, mais le meilleur".
Le groupe vise à présent son retour en Bourse, dont il était sorti en 1998 au moment de son rachat par l'allemand Daimler, pour la fin 2011 au plus tôt.
Outre le remboursement des prêts gouvernementaux, le groupe a également marqué un point important pour convaincre les futurs investisseurs en réussissant à afficher un bénéfice net au premier trimestre pour la première fois depuis 2006.
Il n'est cependant pas certain qu'il parvienne à rester dans le vert sur l'ensemble de l'année: il a prévenu que son opération de refinancement pourrait se solder par une perte allant jusqu'à 200 millions de dollars, compte tenu d'une charge comptable.
La renaissance de Chrysler était également saluée par les concessionnaires, comme Bill Golling, qui commercialise les quatre marques du groupe (Chrysler, Jeep, Dodge, Ram) ainsi que l'italien Fiat à Bloomfield Township, dans le Michigan: "leur réussite dans le lancement de 16 nouveaux modèles" en seulement 19 mois est "impressionnante".