La troïka représentant les créanciers du Portugal a entamé lundi sa deuxième mission d'évaluation trimestrielle au plan d'aide internationale accordée au pays, qui veut négocier des "ajustements" lui permettant de financer son économie et éviter le sort de la Grèce.
Pendant "environ deux semaines", les équipes de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international feront un point avec les autorités portugaises sur "le travail réalisé jusqu'ici et la planification des trimestres suivants", avait indiqué le gouvernement.
Pour Lisbonne, l'essentiel est d'obtenir un satisfecit de ses bailleurs de fonds ouvrant la voie au versement de la troisième tranche du prêt de 78 milliards d'euros, d'un montant d'environ 8 milliards d'euros.
Mais, a déjà prévenu le Premier ministre Pedro Passos Coelho, le Portugal "demandera des ajustements qui puissent apporter plus de flexibilité" à l'exigeant programme de rigueur et de réformes négocié en mai dernier.
Ce plan sur trois ans "assure le financement de l'Etat mais pas celui de l'économie portugaise", dont la contraction sera plus accentuée que prévu l'an prochain (-2,8% du PIB), a expliqué le chef du gouvernement de centre-droit, arrivé au pouvoir en juin.
"Le financement de l'économie portugaise est un des problèmes les plus graves que nous affrontons et le Portugal espère une plus grande compréhension de la part des institutions internationales", a insisté le président Anibal Cavaco Silva.
Refusant de préciser ses intentions, M. Passos Coelho s'est limité à démentir des informations selon lesquelles il envisageait de demander davantage d'argent à l'UE et au FMI.
D'après la presse économique, le gouvernement chercherait notamment un moyen de réduire les besoins de financement bancaire des entreprises publiques largement déficitaires, en particulier dans le secteur des transports. Le but étant de permettre au système financier de prêter davantage aux entreprises privées et, ainsi, créer les conditions d'une relance de la croissance en 2013.
Car, comme le rappellent régulièrement les économistes, si le Portugal s'enfonce davantage dans la récession il risque d'échouer à réduire ses déficits et se retrouver dans un scénario à la grecque.
"Nous ne voulons pas être confondus avec ce qui se passe en Grèce", où la crise financière a pris une tournure politique qui tient en haleine l'ensemble de la zone euro, a affirmé M. Passos Coelho, appelant son pays à faire preuve de "cohésion" pour appliquer son programme "sans failles".
Déjà forte d'une majorité absolue au Parlement, la coalition de droite a obtenu la semaine dernière le soutien tacite de l'opposition socialiste, qui a annoncé son abstention lors du vote du budget pour l'an prochain, prévu fin novembre.
"Je ne ferai pas au Portugal ce que le chef de l'opposition grecque a fait à son propre pays" en refusant pendant longtemps de soutenir le plan d'aide à la Grèce, a affirmé le secrétaire général du Parti socialiste Antonio José Seguro.
Mais la loi de finances pour 2012, qui prévoit de nouvelles mesures d'une rigueur draconienne, dont la suppression des 13e et 14e mois pour les fonctionnaires et les retraités gagnant plus de 1.000 euros, a d'ores et déjà provoqué une levée de boucliers de la part des syndicats.
Les deux principales confédérations syndicales ont ainsi appelé à une grève générale "contre l'exploitation et l'appauvrissement" le 24 novembre, déjà soutenue par les mouvements de travailleurs précaires et de jeunes "indignés".
Mardi, les transports devraient être perturbés par plusieurs grèves de quelques heures.