Le géant automobile japonais Toyota, à la lutte avec l'allemand Volkswagen pour la première place mondiale, reste le maître incontesté quand il s'agit de performance financière: il a relevé mercredi pour la seconde fois ses prévisions annuelles, visant des profits historiques.
Le constructeur, qui produit plus de 40% de ses véhicules dans l'archipel, peut dire merci à la dépréciation du yen, conséquence indirecte de la politique de relance "abenomics" du Premier ministre Shinzo Abe.
Synonyme de recettes accrues à l'étranger (une fois converties en monnaie nippone), ce mouvement des devises lui permet d'afficher des objectifs vertigineux pour l'exercice qui s'achève fin mars 2015.
Toyota, qui a déjà accompli 80% de la mission sur les neuf premiers mois, escompte désormais un bénéfice net de 2.130 milliards de yens (15,3 milliards d'euros au taux de change retenu par le groupe, +16,8% sur un an), alors qu'il tablait auparavant sur 2.000 milliards.
De la même manière, le résultat d'exploitation, qui était attendu à 2.500 milliards, devrait atteindre 2.700 milliards (+17,8%), tandis que le chiffre d'affaires pourrait progresser de 5,1% à 27.000 milliards de yens (194 milliards d'euros).
"Toyota s'est forgé un positionnement unique dans le monde post-crise financière", a commenté Mitsushige Akino, analyste chez Ichiyoshi Asset Management, cité par Bloomberg News.
"C'est devenu la compagnie qui parvient à engranger, perpétuellement, des bénéfices", tout en se faisant remarquer par ses innovations technologiques: elle a ainsi lancé récemment au Japon une voiture à pile à combustible roulant à l'hydrogène, "Mirai", qui rencontre un vif succès.
Outre l'impact positif du yen faible, Toyota récolte les fruits de la stratégie mise en place par son président Akio Toyoda, petit-fils du fondateur, qui a décidé de mettre l'accent sur la rentabilité plutôt que de se lancer dans une folle course au volume.
Le groupe a ainsi décidé de ne pas construire de nouvelles usines pendant trois ans, jusqu'en mars 2016, à la différence de ses concurrents qui ont lancé une offensive en Chine, premier marché automobile mondial.
- Année faste pour les constructeurs nippons -
Ce choix se ressent cependant au niveau des ventes, qui sont à la peine: sur la période d'avril à décembre, le chiffre d'affaires s'est certes accru de 5,2% à 20.115 milliards de yens, mais cette hausse est essentiellement liée aux effets de change favorables. En réalité, le constructeur a écoulé un peu moins de voitures qu'un an plus tôt (6,74 millions, contre 6,78 un an plus tôt).
Si le marché nord-américain s'est montré dynamique, Toyota a connu des difficultés au Japon, où la demande peine à redécoller après une hausse de la taxe sur la consommation, et en Asie.
Résultat, la firme de la région de Nagoya, qui s'appuie sur 330.000 employés et une cinquantaine d'usines dans le monde, ne vise plus qu'un objectif de ventes de 9 millions de véhicules pour l'ensemble de l'exercice, contre 9,05 anticipés précédemment, ce qui représente un petit recul par rapport à 2013/14.
Sur l'année calendaire 2014, le fabricant de la citadine Yaris et de la voiture hybride Prius a commercialisé 10,23 millions d'automobiles (+3%), grâce à l'ensemble de ses marques (Toyota, luxe Lexus, mini-véhicules Daihatsu, poids lourds Hino).
Une prouesse qui lui a permis de garder le titre de numéro un mondial devant Volkswagen, mais cette distinction symbolique pourrait bientôt lui échapper. En 2015, Toyota table sur 10,15 millions, un total que le mastodonte allemand a de fortes chances de dépasser.
L'américain General Motors (GM) se classe pour sa part troisième, avec 9,92 millions de véhicules, devant l'alliance franco-nippone Renault-Nissan qui a annoncé mercredi des ventes record de 8,47 millions (+2,5% sur un an).
A l'image de Toyota, les autres constructeurs nippons affichent des comptes globalement solides, à l'exception de Honda qui a été contraint la semaine dernière de revoir ses ambitions en raison de millions de rappels pour cause d'airbags défectueux.
Mitsubishi Motors et Mazda, qui ont publié leurs résultats cette semaine, espèrent tous deux accroître leurs profits annuels. Quant à Nissan, qui ferme la marche lundi, il s'oriente lui aussi vers une excellente année.