Le principal candidat à la reprise des magasins Virgin Megastore, en redressement judiciaire, la société d'arts créatifs Rougier et Plé, a retiré son offre, a annoncé vendredi l'intersyndicale, déplorant la disparition de la marque du distributeur de biens culturels qui emploie 960 salariés .
"Rougier et Plé ne présentera pas d'offre de reprise pour Virgin, laissant sur le carreau les 11 magasins sur lesquels il s'était positionné", qui emploient 285 salariés, a indiqué l'intersyndicale (CFTC, CFE-CGC, CGT, FO et SUD) dans un communiqué, disant redouter un plan social "encore plus vaste et brutal que ce que l'on pouvait craindre".
Selon les syndicats, qui précisent que le patron de Rougier et Plé a appelé directement le secrétaire du Comité d'entreprise, Guy Olharan (CGT), l'entreprise n'a pas réussi à négocier avec les bailleurs des magasins qu'elle souhaitait reprendre et a donc "rendu les armes". Ils soulignent que la société d'arts créatifs était la seule candidate à la reprise de la licence, ce qui fait, disent-ils, que "Virgin est mort" officiellement vendredi.
"C'est vraiment une très mauvaise nouvelle. C'est le pire qui pouvait arriver", a réagi Loïc Delacourt (CFE-CGC).
Les candidats à la reprise de l'enseigne, qui compte 26 magasins et est en redressement judiciaire depuis la mi-janvier, avaient jusqu'à midi pour déposer leurs offres auprès de l'administrateur judiciaire. Le tribunal de commerce doit ensuite les examiner le 23 mai et rendra sa décision environ deux semaines plus tard.
Aucune offre pour le mégastore des Champs-Elysées
Selon les syndicats, parmi les offres déposées figurent une offre du spécialiste des loisirs créatifs Cultura portant sur deux magasins, Avignon (17 postes) et Marseille (35 postes) et une de Vivarte (groupe multi-enseignes de prêt à porter/chaussures) portant sur 10 sites, et proposant 173 postes dans l'activité vente textile. Au total, 225 postes sont donc concernés, mais certains dans des activités très éloignées de celles des employés de Virgin, soulignent les syndicats.
Aucune offre ne propose de reprendre le coûteux magasin amiral sur les Champs-Elysées, qui emploie 184 salariés.
Sollicitée par l'AFP pour commenter ces informations sur les repreneurs, la direction n'a pas souhaité réagir. Peu avant, elle avait annoncé que le budget du plan social à venir était désormais de 5 millions d'euros, dont un million provenant de l'actionnaire principal Butler Capital Partners, alors qu'il était de 2,5 millions auparavant.
Pour les syndicats, qui appellent les salariés à se mobiliser, ce financement est insuffisant et le plan social, qui n'a pas encore été officiellement chiffré, "s'annonce encore plus vaste et brutal que ce que l'on pouvait craindre".
Comme d'autres acteurs du secteur, Virgin Megastore a souffert de l'effondrement des marchés physiques du disque, du DVD et du livre, et de la concurrence de la distribution sur internet.
Le groupe a organisé en début de semaine un déstockage, dans des conditions dénoncées par les syndicats.
"C'était tellement l'émeute qu'ils ont dû arrêter", a affirmé Sylvain Alias (SUD), précisant que Virgin offrait une réduction de "60% sur toute la marchandise sauf le livre".
"Les caissières et vendeurs se sont fait à moitié agresser", a dénoncé le syndicaliste pour lequel il y avait un "manque de sécurité patent" car Virgin a cessé de payer les sociétés de sécurité et fait appel à des personnes en intérim.
La présidente de Virgin, Christine Mondollot, a assuré de son côté à l'AFP que tout était "resté sous contrôle".
"Il y a bien eu quelques clients qui ont fait des esclandres parce que les produits qu'ils voulaient étaient déjà partis, mais c'est resté très marginal. Il n'y a pas eu de scènes de panique ou d'émeutes comme on a pu lire ici ou là", a-t-elle assuré, précisant que "la sécurité était assurée comme à l'accoutumée".