Le distributeur de biens culturels Virgin Stores, qui a déposé le bilan mercredi dernier, a été placé lundi en redressement judiciaire assorti d'une période d'observation de quatre mois par le tribunal de commerce de Paris.
"C'est une nouvelle que nous attendions. Nous allons travailler avec l'administrateur judiciaire pour explorer différentes pistes", a indiqué la présidente du directoire de Virgin, Christine Mondollot, à l'issue de l'audience.
"Seuls, nous n'étions pas capables de trouver une solution", a-t-elle estimé.
A l'instar d'autres distributeurs spécialisés comme la Fnac, Virgin est victime de l'effondrement des marchés "physiques" du disque et du DVD, mais aussi plus récemment de celui du livre, et souffre de la concurrence des grands acteurs américains du web, comme Amazon ou Apple.
La chaîne de 26 magasins, qui emploie un millier de salariés, se retrouve aujourd'hui dans l'incapacité de régler une dette estimée à 22 millions d'euros, de source syndicale.
Dans sa décision, le tribunal a estimé que "les prévisions de trésorerie produites par le dirigeant, élaborées dans la perspective d'une baisse de chiffre d'affaires de 20%, justifient de ses capacités à financer l'activité dans le cadre d'une procédure de redressement judiciaire".
Me Gérard Philippot a été désigné administrateur judiciaire et Me Frédéric Lévy mandataire judiciaire.
Le tribunal se penchera de nouveau sur le dossier le 21 mars en vue de statuer sur une extension de la période d'observation, qui pourrait être prolongée à 6 mois.
"La bonne nouvelle, c'est que le tribunal a choisi le redressement judiciaire et non la liquidation, mais nous avons juste peur que les délais de la période d'observation soient extrêmement faibles", a affirmé à la sortie de l'audience Guy Olharan, porte-parole des employés de Virgin.
"Les salariés peuvent espérer qu'on trouve la meilleure solution pour qu'ils gardent leurs emplois dans la société", a indiqué de son côté Mme Mondollot.
A l'issue de la période d'observation, une entreprise placée en redressement judiciaire peut mettre en place un plan de redressement, céder tout ou partie de ses activités ou être liquidée.
Malgré sa dette, Virgin, détenu à 74% par Butler Capital Partners (BCP) et à 20% par Lagardère, dispose de trésorerie et d'actifs, avait indiqué un proche de BCP à l'AFP.
Virgin détient notamment le bail des Champs-Elysées qui vaudrait 15 à 20 millions d'euros mais aussi la marque Virgin Megastore, pour laquelle BCP serait propriétaire d'une licence perpétuelle et qui vaudrait 20 millions d'euros, selon le Journal du Dimanche (JDD).
Toujours selon le JDD, des acteurs de la distribution, dont le réseau Cultura, spécialiste des loisirs créatifs qui compte 52 magasins en France, étudient l'opportunité d'une reprise partielle ou totale de Virgin Megastore.
Interrogée sur ce point à l'issue de l'audience, Mme Mondollot n'a pas confirmé ces informations.
"Nous voulons un repreneur qui soit un vrai professionnel de la culture et pas un fonds d'investissement", souhaite de son côté M. Olharan.
Les syndicats imputent à Butler la mauvaise situation du groupe et veulent qu'il mette la main à la poche pour financer un éventuel plan social.
En fin de semaine dernière, le maire de Paris Bertrand Delanoë a écrit à Walter Butler pour lui demander, si aucun repreneur ne se manifestait, la mise en place d'un plan social "digne et respectueux des intérêts de chacun".