Par David Wagner
Investing.com – L'épidémie de coronavirus chinois devrait encore occuper la plus haute place dans la liste des préoccupations du marché ce vendredi, car même si plusieurs voix rassurantes s'élèvent, le bilan mortel, le nombre de cas et la propagation géographique ne font que progresser.
Le nombre de cas continue d'augmenter malgré la mise sous quarantaine de plusieurs villes chinoises
La Chine a en effet déclaré vendredi que le nombre total de cas en Chine continentale s'élevait à 830 et que le nombre de décès était passé à 25. Cette hausse survient alors que l'infection, qui se propage rapidement, a incité les autorités locales à mettre en quarantaine plusieurs grandes villes, une décision très exceptionnelle, et à annuler les événements du Nouvel An lunaire à Pékin et ailleurs.
Le virus a également infecté à ce stade une douzaine de personnes dans le monde entier, y compris des cas confirmés à Singapour et en Arabie Saoudite, selon de multiples rapports des médias internationaux et locaux. Des équipes médicales ont été envoyées dans tout le pays et les hôpitaux demandent des dons d'articles essentiels, notamment des masques faciaux, des protections oculaires, des uniformes de protection et du désinfectant.
En Chine, les autorités locales ont mis en quarantaine Wuhan et Huanggang, qui comptent ensemble 17 millions d'habitants, mais ce sont au total 7 villes qui sont concernées.
Cependant, on estime que 246 000 voyageurs sont arrivés à Wuhan par avion ou par train jeudi, avant que tous les transports à l'intérieur et à l'extérieur de la ville ne soient fermés. Cela suppose des risques de propagation lorsque ces personnes rentreront chez elles.
Aux Etats-Unis, le Département d'État américain a réitéré jeudi son avis indiquant que les voyageurs devraient "faire preuve d'une prudence accrue".
Pas d'urgence internationle selon l'OMS
Il est également intéressant de noter que l'Organisation mondiale de la santé a refusé pour le deuxième jour jeudi de désigner officiellement le nouveau virus comme une urgence sanitaire mondiale, après avoir reporté sa décision la veille, une décision qui semble vouloir éviter d'effrayer inutilement le commerce mondial. Les médecins de l'OMS ont déclaré qu'ils avaient besoin de plus de données avant de déclarer une urgence mondiale.
"Ne vous y trompez pas, il s'agit d'une urgence en Chine. Mais ce n'est pas encore devenu une urgence sanitaire mondiale. Elle peut encore en devenir une", a déclaré le directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus aux journalistes lors d'une conférence téléphonique à l'issue d'une deuxième réunion d'urgence sur la maladie, jeudi.
Certains analystes estiment que l'impact sera de courte durée...
Les actions américaines étaient en baisse jeudi, le Dow Jones ayant chuté de 219 points, mais a ensuite en grande partie compensé ses pertes après que l'Organisation mondiale de la santé ait déclaré qu'il était trop tôt pour appeler le coronavirus une urgence mondiale.
"Ce qui s'est passé ici, c'est que tout le monde a été choqué qu'on ferme une ville de 11 millions d'habitants. Cela a donné l'impression qu'ils étaient plus inquiets. C'est toujours un facteur", a déclaré Art Cashin, directeur des opérations de trading chez UBS. Cashin a déclaré que si l'épidémie est importante en Chine et qu'elle frappe son économie, cette faiblesse se propagera au niveau mondial. Si l'épidémie atteint les États-Unis, "elle sera plus importante".
De son côté, Peter Boockvar, directeur des investissements chez Bleakley Global Advisors se rassure du fait que "la réponse mondiale est beaucoup plus proactive. La Chine fait preuve de beaucoup plus de transparence. Le virus semble moins virulent.
Cependant, dans les points négatifs, il ajoute que “comme le monde est plus mobile maintenant, le virus a la possibilité de se propager rapidement. Il est impossible de prévoir où il va. Certaines parties du marché remettaient en question tout rebondissement important face à l'accord commercial avant même que cela ne se produise".
Au début de l'épidémie de SRAS, la bourse américaine sortait tout juste d'un marché baissier, mais elle a atteint un nouveau creux au premier trimestre 2003, en raison des inquiétudes suscitées par l'épidémie, a-t-il déclaré. "Cela a entraîné un nouveau test des plus bas de 2002 en mars 2003, mais ce fut la fin de ce marché baissier", a déclaré Boockvar.
Il s'attend à ce que les conséquences sur le marché américain soient moins graves que sur les marchés chinois, à moins que l'épidémie ne s'intensifie. "Le marché boursier américain a pris son envol en termes de dynamisme. Je pense que ce que la Fed va annoncer en termes de bilan la semaine prochaine aura plus d'impact que le coronavirus", a-t-il déclaré.
...Mais d'autres sont plus alarmistes
D'autres analystes se montrent plus inquiets, jugeant que le pire est encore à venir dans cet épidémie.
"La mauvaise nouvelle est que le pire est encore à venir, car le nombre de nouvelles infections est toujours en augmentation", a averti Larry Hu, économiste à Macquarie Capital.
"Nous ne connaissons pas encore vraiment les caractéristiques de ce virus", a quant à lui déclaré David Roche (SIX:ROG), de l'Independent Strategy.
Il a souligné qu'une question importante est de savoir si l'épidémie va se transformer en pandémie.
"Pour qu'il y ait une pandémie, il faut vraiment que l'infection soit virulente pour être exponentielle ... beaucoup de ces nouveaux cas sont dus à une notification beaucoup plus stricte, et pas nécessairement à un taux d'infection. Nous ne savons donc pas vraiment dans quelle mesure le taux de contagion est élevé", a-t-il déclaré.
"La réponse est d'attendre la fin du Nouvel An chinois... nous connaîtrons le degré, la vitesse et la fréquence des infections par ce virus, et nous aurons une idée beaucoup plus précise de la mortalité", a-t-il déclaré. "C'est quand les gens reviennent (après le Nouvel An lunaire), que ce sera le point critique, en termes de propagation du virus, de contagion et de mortalité".