Le groupe de médias et de télécoms Vivendi est désormais seul maître à bord de l'opérateur téléphonique SFR, dont il détient la totalité du capital après le rachat pour près de 8 milliards d'euros de la part du britannique Vodafone, qu'il guignait depuis des années.
Vivendi a annoncé dimanche soir dans un communiqué avoir signé un accord avec Vodafone pour lui racheter sa participation de 44% dans l'opérateur téléphonique français, dont il détenait déjà 56%.
La transaction porte sur un montant de 7,95 milliards d'euros. "L’accord est sujet à l’approbation des autorités de la Concurrence. La transaction devrait être finalisée à la fin du mois de juin 2011", a précisé Vivendi.
"Nous sommes très heureux de réaliser notre objectif stratégique de détenir 100% de SFR. Grâce à cet accord, Vivendi pourra encore mieux se concentrer sur la croissance rentable et sur l’innovation", a commenté Jean-Bernard Lévy, président du directoire de Vivendi.
"Cette opération va bénéficier au développement industriel du groupe et à nos millions d’abonnés et de consommateurs dans le monde. Cette transaction va entraîner une progression importante du résultat net ajusté de Vivendi et un relèvement du dividende pour nos actionnaires", a-t-il souligné.
Le communiqué précise que SFR et Vodafone "vont prolonger leur coopération commerciale pendant les trois prochaines années".
Les dirigeants de Vivendi n'avaient jamais caché leur souhait de monter à 100% au capital de cette filiale stratégique: en avril 2007 déjà, M. Lévy avait officialisé son intérêt pour un rachat de parts minoritaires dans SFR. Fin 2010, il avait émis le souhait d'une transaction au cours de l'année 2011.
Vivendi s'était donné ces derniers mois les moyens de satisfaire son ambition: il a cédé en deux fois - septembre puis janvier - l'ensemble de la participation de 20% qu’il détenait dans le groupe de médias NBC Universal, dégageant ainsi un montant en numéraire de 5,8 milliards de dollars hors dividendes (390 millions de dollars entre janvier 2010 et janvier 2011).
Le groupe avait également reçu en janvier dernier 1,254 milliard d’euros de l'opérateur téléphonique allemand Deutsche Telekom, pour régler un différend de onze ans pour le contrôle du troisième opérateur mobile polonais PTC.
Le mois dernier, Vivendi avait fait état en mars d'un bénéfice net 2010 de 2,2 milliards d'euros pour un chiffre d’affaires de 28,9 milliards d’euros, en hausse de 6,4%.
Lors de la publication de ces résultats, M. Levy avait affiché pour "objectif de racheter les (intérêts) minoritaires de nos filiales françaises à un prix raisonnable", assurant "qu'un jour (Vivendi) pourrait détenir 100% de ses filiales françaises", à savoir SFR mais aussi le groupe de télévision payante Canal+, qu'il détient à 80%.
Reste donc à Vivendi ce deuxième souhait à réaliser: racheter les 20% restants de Canal+ au groupe de médias français Lagardère.
Lagardère a annoncé le 16 mars reporter "de quelques semaines probablement" l'introduction en Bourse de ces 20% en raison de la volatilité des marchés après le séisme au Japon.
Il a valorisé le 1er avril à 1,507 milliard d'euros cette participation dans Canal+ France, et indiqué que le processus d'introduction en Bourse sera relancé "dès lors que la situation des marchés permettra d'offrir les conditions attendues".