Le Premier ministre indien Narendra Modi commence vendredi à Paris son premier déplacement en Europe, avec l'objectif de promouvoir l'Inde comme base industrielle, et en toile de fond d'éventuelles avancées des négociations d'achat du Rafale français.
Le dirigeant indien fera ensuite étape en Allemagne, première économie de la zone euro, pour inaugurer la plus grande foire industrielle du monde.
Il devrait recevoir un accueil fastueux, fort des performances économiques de son pays, dont le PIB devrait croître de 8% cette année.
Largement élu il y a près d'un an sur la promesse de relancer l'investissement et l'emploi, M. Modi mise sur sa capacité à imposer l'Inde comme plateforme de production et d'exportation.
"Je me réjouis de me rendre en France pour renforcer l'implication française dans notre programme +Make in India+, en particulier dans le secteur de la défense", a-t-il écrit sur son compte Facebook (NASDAQ:FB).
Il rencontrera vendredi des chefs d'entreprises et visitera samedi le site d'Airbus (PARIS:AIR), à Toulouse (sud-ouest).
M. Modi a promis de faciliter la vie des entreprises en allégeant les contraintes bureaucratiques et en simplifiant la fiscalité.
Le gouvernement a aussi porté à 49% la participation que les investisseurs étrangers peuvent détenir dans des sociétés du secteur de la défense, et veut favoriser les transferts de technologie.
A Paris, le dossier le plus délicat sera celui des négociations de vente de 126 avions de combat Rafale à l'Inde, en cours depuis plus de trois ans, qui figureront en bonne place d'un entretien avec François Hollande vendredi.
"La question des Rafale est toujours en discussion et nous devrions être en mesure d’avancer sur des bases mutuellement acceptables", a affirmé jeudi M. Modi au quotidien Le Figaro.
La France tente de débloquer ce contrat géant qui prévoit la fabrication de 108 appareils sur le sol indien, soit un transfert de technologie inédit.
Selon la presse indienne, Modi veut sortir également de l'impasse et envisage l'achat direct de plusieurs dizaines d'appareils fabriqués en France pour moderniser sa flotte vieillissante, The Hindustan Times évoquant l'acquisition d'une quarantaine de Rafale.
Une telle hypothèse irait à l'encontre de la volonté de l'Inde de renforcer son industrie et d'obtenir des transferts de technologie.
Le porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères, Syed Akbaruddin, a déclaré qu'il s'attendait à du "mouvement" sur le contrat lors de la rencontre entre les deux dirigeants.
- Promouvoir le 'Make in India' -
De source proche de la présidence française, on indique que le Premier ministre indien "ne vient pas en France spécifiquement pour" le marché des Rafale.
"Ce n'est pas pour cela qu'il est invité, mais cela fera évidemment partie des sujets qui seront abordés par le président (français) et le Premier ministre indien. Ce n'est pas une visite destinée à essayer d'arracher un contrat. Cela dit les discussions se poursuivent", précise-t-on de même source.
Le nucléaire devrait également figurer au coeur des discussions, avec l'espoir côté français de progresser sur la vente de six réacteurs nucléaires EPR à l'Inde, représentant une capacité de 10.000 mégawatts.
M. Modi ira ensuite promouvoir le "Make in India" en Allemagne. Il inaugurera dimanche avec la chancelière Angela Merkel la Foire de Hanovre et fera le lendemain le tour du salon avec elle. Mardi, elle l'accueillera à Berlin, où il rencontrera aussi le ministre de l'Economie Sigmar Gabriel et celui des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier.
L'Allemagne est, au sein de l'Union européenne, le premier partenaire commercial de l'Inde. Les échanges entre l'Inde et l'UE ont plus de doublé en dix ans, pour atteindre 72,7 milliards en 2013.
Après l'Allemagne, M. Modi ira au Canada, qui abrite une importante diaspora indienne.