Malgré une série d'indicateurs positifs sur l'économie américaine, la Bourse de New York ne parvient pas à décoller, prisonnière des turbulences en Europe, et attend que la Banque centrale européenne adopte une posture énergique.
"Ca a été une mauvaise semaine à New York car les doutes en Europe l'ont emporté sur les bons chiffres pour l'économie aux Etats-Unis", observe Hugh Johnson, qui dirige le cabinet de gestion d'actifs Hugh Johnson Advisors.
Parmi ces statistiques encourageantes figurent une hausse plus forte que prévu de l'indice composite du Conference Board, qui fait dire à l'institut que le risque de récession "s'éloigne" aux Etats-Unis, et une troisième semaine de baisse des inscriptions au chômage.
Reste que la situation en Europe continue à faire craindre une contagion outre-Atlantique. "Il ne semble pas y avoir de chemin clair vers la sortie de crise", souligne ainsi M. Johnson.
De fait, le Dow Jones, indice vedette de Wall Street, a connu sa pire semaine en deux mois, perdant 2,94% pour terminer vendredi à 11.796,16 points.
Le Nasdaq, à dominante technologique, a cédé 3,97% à 2.572,50 points, tandis que l'indice élargi Standard & Poor's 500 a lâché 3,81% à 1.215,65 points.
Si la Grèce et l'Italie font moins la Une des journaux depuis l'arrivée de gouvernements dirigés par des techniciens adoubés par les marchés, l'Espagne est revenue à l'avant-plan, ainsi que la France, deuxième économie du Vieux Continent.
Madrid a dû accepter des taux proches de 7% jeudi pour emprunter des titres à 10 ans sur le marché, un seuil jugé ingérable dans la durée pour les pays très endettés.
Et Paris, bien que bénéficiant toujours de sa précieuse note AAA, a vu ses taux dangereusement grimper, à tel point que l'écart des taux obligataires entre la France et l'Allemagne a dépassé jeudi les 200 points de base.
Pour de nombreux analystes américains, le BCE ne peut plus s'obstiner à suivre la ligne allemande de non-intervention et doit agir énergiquement comme le fait aux Etats-Unis la Réserve fédérale (Fed).
"Il est probable de voir une panne générale du système financier européen qui affecterait durement les économies européenne et mondiale", a averti Frederick Dickson, stratège en chef chez DA Davidson, exhortant les Européens à permettre à la BCE d'acheter massivement de la dette des pays en difficulté.
"Il faut baisser le taux directeur et autoriser la BCE à acheter massivement des obligations", a insisté Hugues Johnson, dénonçant des politiques d'austérités unilatérales.
"Le marché ne veut pas voir des mesures d'austérité dans des pays qui ont 15% de chômage et leur message est qu'ils ont besoin avant tout de voir des politique de croissance", a-t-il déclaré, accusant la chancelière allemande Angela Merkel de "ne rien (avoir) compris".
Le risque, estime-t-il, est de voir les dirigeants américains suivre l'exemple européen: "plus d'austérité budgétaire qui sabordera toute reprise de la croissance".
Cette inquiétude est d'autant plus grande que la "super-commission" bipartite du Congrès américain, chargée d'identifier 1.500 milliards de dollars d'économies d'ici au 23 novembre, semble pour l'heure incapable de s'entendre.
Il y a urgence, insiste Candi Wolff, analyste chez Citigroup: "Le Congrès a dû remarquer ce qui se passe avec la crise de la dette en Europe, en particulier en Grèce et en Italie. Nous devons agir énergiquement pour éviter une crise similaire ici".
La semaine prochaine s'annonce chargée en indicateurs économiques sur une période courte, jeudi étant férié pour cause de Thanksgiving. Et la Bourse ne rouvre vendredi que pour la matinée.
Après les chiffres des ventes de logements anciens lundi, une salve de statistiques est attendue mercredi: révision de la croissance, commandes de biens durables, dépenses et révenus des ménages.
Mardi seront publiées les les minutes de la dernière réunion de la banque centrale américaine.