Les politiques budgétaires restrictives engagées depuis début 2011 par les gouvernements des pays européens ont grevé leur activité économique, retirant à elles seules 0,6 point de croissance à la zone euro en 2012, selon une étude publiée jeudi par l'Insee.
Cet impact négatif est dû à la fois directement aux mesures d'économies et aux hausses d'impôts engagées dans chaque pays et à celles mises en oeuvre chez leurs principaux partenaires commerciaux via le canal du commerce extérieur. Mais ce deuxième facteur est beaucoup plus faible.
Ainsi, l'Espagne et l'Italie, qui ont fortement accrû leurs restrictions budgétaires en 2012, devraient voir cette année leur croissance privée de respectivement de 1,3 et 1,1 point de produit intérieur brut (PIB) auxquels il faut ajouter 0,1 point seulement pour l'effet induit par la réduction des exportations due aux plans de rigueur des pays voisins.
L'effet négatif total des cures d'austérité est de 0,4 point de PIB en 2011 tant pour l'Allemagne que pour l'Espagne, la France, l'Italie et l'ensemble de la zone euro. En 2012, l'effet s'estompe pour l'Allemagne (0,2 point) et augmente pour la France (0,8 point).
"Il convient toutefois d'être prudent dans l'interprétation de ces chiffres", avertit l'Institut national de la statistique et des études économiques. "Il est possible que sans ces consolidations budgétaires, l'incertitude sur la soutenabilité des dettes publiques de la zone euro aurait augmenté", explique-t-il dans un communiqué.
"Les primes de risque sur les taux souverains auraient alors pu s'accroître davantage. Les ménages et les entreprises reportant leurs investissements, cela aurait réduit l'investissement et la consommation de biens durables, et donc l'activité", précise l'Insee.
L'Institut prévoit une contraction de l'activité de 0,5% dans la zone euro cette année après une croissance de 1,4% en 2011, moindre que celle de 2010 (2%).
L'analyse s'intéresse également à l'effet de la crise de la dette sur la croissance via la hausse des taux d'intérêt, ainsi qu'à l'impact de la flambée des cours des matières premières intervenue à partir de l'été 2010.
La crise de la dette dans la zone euro s'est manifestée par l'augmentation des coûts d'emprunt des pays du sud de l'Europe, ce qui pénaliserait l'investissement via la progression associée des taux privés, explique l'Insee.
"La hausse des taux ferait ainsi perdre 0,9 et 1,4 point de PIB en 2012 à l'Italie et à l'Espagne. En revanche, les mouvements de taux auraient un peu soutenu la croissance en France (0,1 point en 2011, 0,0 en 2012) et surtout en Allemagne (0,3 point en 2012 après 0,2 en 2011), leurs dettes publiques ayant statut de valeur refuge", note l'Insee. En 2012, la hausse des taux souverains ôterait 0,5 point de croissance dans la zone euro.
Après un an de stabilité, le prix du pétrole a fortement augmenté à partir de l'été 2010 : le prix du Brent de la mer du Nord est passé de 75 dollars au troisième trimestre 2010 à 115 dollars au deuxième trimestre 2011, rappelle l'Insee.
Cette envolée des prix du pétrole et des matières premières aurait réduit l'activité d'un quart de point de PIB dans la zone euro (un peu plus en France ou en Allemagne), aussi bien en 2011 qu'en 2012, selon les estimations de l'institut.