Les responsables de l'UE n'ont pas exclu mardi d'augmenter "si nécessaire" leurs réserves financières pour aider les pays de la zone euro en difficulté, mais pas dans l'immédiat, alors que le FMI a ouvertement critiqué leur manque de cohérence dans la réponse à la crise.
"Si cela devient nécessaire, nous examinerons" la question d'une augmentation des capacités de prêts du Fonds mis sur pied au printemps, "mais la question ne se pose pas aujourd'hui", a déclaré le président de l'UE, Herman Van Rompuy, à la presse, à l'issue d'un sommet avec le président russe Dmitri Medvedev à Bruxelles.
"Il n'y a pas de problème avec les montants disponibles" dans le dispositif aujourd'hui, a-t-il jugé.
Mis en place au printemps, ce Fonds est constitué de 440 milliards d'euros de garanties de prêts des pays de la zone euro, complétés par 250 milliards d'euros de prêts du Fonds monétaire international (FMI) et par 60 milliards d'euros de prêts de l'Union européenne.
Les pays européens ont discuté ces derniers jours de l'éventualité d'en relever le plafond de ressources pour rassurer les marchés sur la capacité de l'Europe à faire face à d'autres crises financières après la Grèce et l'Irlande. Mais la décision a été repoussée à plus tard.
Le ministre belge des Finances, Didier Reynders, dont le pays préside l'UE, a déclaré de son côté que la discussion allait "se poursuivre" sur le sujet, en marge d'une réunion avec ses homologues de l'Union européenne.
"Nous reprendrons les travaux (...) sur l'ensemble des aspects" y compris "évidemment la taille du mécanisme permanent (de soutien aux pays de la zone euro) et par répercussion du mécanisme actuel", a-t-il ajouté.
Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a appelé à renforcer la capacité du dispositif si nécessaire. Le FMI y est aussi favorable.
Et son directeur général Dominique Strauss-Kahn a critiqué mardi la réponse morcelée de l'Europe pour répondre à la crise de la dette en zone euro, qui après la Grèce et l'Irlande menace à présent le Portugal, l'Espagne ou la Belgique.
"Oui l'Europe a besoin de quelque chose de plus dynamique, une solution globale" a-t-il dit à Athènes, "et pas une solution pays par pays qui serait une mauvaise solution", a-t-il dit.
Les pays de l'Union monétaire sont ainsi divisés sur l'opportunité de créer des emprunts obligataires européens pour mutualiser les risques et mieux protéger les plus fragiles d'entre eux contre des attaques spéculatives.
L'Allemagne, qui refuse de payer pour les autres, a rejeté catégoriquement une idée en ce sens lundi.
Ils hésitent aussi encore à décider d'une augmentation de leur Fonds de secours.
Selon un diplomate européen, ils divergent d'une part sur l'impact d'une telle mesure sur les marchés, certains estimant que, loin de rassurer, cela risque de jeter de l'huile sur le feu en donnant le sentiment qu'on se prépare à une aggravation de la crise.
La plupart préfèrent en outre garder cette munition pour la prochaine tempête sur les marchés, au risque sinon "de se trouver démuni le moment venu", dit un autre diplomate.
La question sera abordée au plus haut niveau les 16 et 17 décembre à Bruxelles lors d'un sommet des dirigeants de l'UE, tout comme l'augmentation des moyens du futur Mécanisme de secours permanent, destiné à remplacer le dispositif actuel à partir de la mi-2013.
Les ministres des Finances de l'UE ont adopté formellement mardi le plan d'aide de 85 milliards d'euros à l'Irlande, qui devient ainsi le deuxième pays de la zone euro après la Grèce à bénéficier d'un tel soutien extérieur et le premier à puiser dans le nouveau Fonds de soutien.