Berlin ne semblait pas prêt lundi à voler au secours du groupe allemand de distribution et de tourisme Arcandor, propriétaire du voyagiste Thomas Cook, bien que des dizaines de milliers d'emplois soient menacés.
Le gouvernement allemand a déjà rejeté lundi une demande de garantie publique de 650 millions d'euros déposée par Arcandor auprès du fonds d'aide mis en place pour soutenir les entreprises face à la crise économique, puis une demande de crédit de 437 millions d'euros auprès de la banque KfW, le bras financier de l'Etat.
La direction devait encore tenter lundi soir et mardi matin d'obtenir des propriétaires et des banquiers des engagements supplémentaires pour convaincre Berlin d'accorder son prêt, a indiqué Arcandor dans un communiqué.
Le gouvernement avait invoqué des "doutes considérables concernant la viabilité du concept" de survie d'Arcandor et les critères d'attribution d'une garantie publique, qui n'étaient "pas remplis", pour refuser sa garantie.
Un porte-parole avait indiqué à l'AFP que si le groupe n'obtenait pas cet argent, Arcandor, présent dans la distribution via les grands magasins Karstadt et la vente par correspondance Quelle et Primondo, et le tourisme avec Thomas Cook, "devrait déposer le bilan".
Près de 70.000 emplois, dont près des deux-tiers en Allemagne, seraient menacés, une mauvaise nouvelle à moins de quatre mois des élections législatives dans le pays.
Pour autant Berlin ne compte pas répéter le cas Opel. La situation d'Arcandor, dont les difficultés ont commencé bien avant la crise économique, est en effet très différente de celle du constructeur automobile, qui a fait les frais de la situation de sa maison-mère, l'américain General Motors.
La chancelière Angela Merkel en personne a clairement affiché la couleur: une aide à Arcandor n'est "absolument pas envisageable" sans concept de survie viable, appelant les propriétaires à prendre leurs responsabilités. Ses grands actionnaires sont la riche héritière de Quelle, Madeleine Schickedanz et la banque Sal Oppenheim.
Arcandor souffre en effet depuis des années de la faiblesse de ses grands magasins Karstadt, alors que les Allemands sont peu enclins à consommer, et d'erreurs de gestion qui ont conduit au départ récent de son ex-patron Thomas Middelhoff.
Celui-ci est à présent soupçonné d'être impliqué avec sa femme dans une société immobilière qui fait payer des loyers extrêmement élevés à Arcandor pour la location des murs de magasins. Le Parquet de Essen examine la possibilité d'ouvrir une enquête, a indiqué la procureur générale Angelika Matthiesen à l'AFP.
Le nouveau patron d'Arcandor Karl-Gerhard Eick, arrivé aux commandes en mars, se débat depuis pour assurer la survie du groupe, fondé en 1881 et dont les enseignes Karstadt font partie du paysage allemand.
Il a lancé une énième restructuration, déposé ces demandes d'aide publique et a engagé des négociations avec son concurrent Metro pour une fusion de leurs grands magasins, mais pour l'instant sans résultat. Ces discussions ont été suspendues depuis le refus du prêt d'urgence par le gouvernement, a indiqué Metro.
A la Bourse de Francfort, les investisseurs se faisaient peu d'illusion: l'action a perdu lundi 41,27% à 1,11 euro sur un indice des valeurs moyennes MDax en recul de 1,74% à 5.819,18 points.