par Gilbert Reilhac
STRASBOURG (Reuters) - A deux semaines de la primaire de la droite, François Fillon mise sur son expérience pour se démarquer de ses adversaires et notamment de Nicolas Sarkozy, qu'il espère doubler dans la dernière ligne droite.
Le dernier sondage en date, publié le 2 novembre par Elabe pour BFM TV et l'Opinion, crédite l'ancien Premier ministre de 15% des voix, en hausse de quatre points, contre 27% pour l'ancien président qui en perd cinq, Alain Juppé restant en tête avec 39% des intentions de vote.
"Je ne sais pas si c'est un atout ou une faiblesse, je suis, parmi les candidats à la primaire, celui qui a la plus longue expérience politique", a déclaré le député de Paris en meeting lundi soir à Strasbourg devant quelque 900 personnes.
Elu pour la première fois député en 1981, le natif de la Sarthe, dont il a présidé le conseil général, affiche pourtant, à 62 ans, neuf années de moins qu'Alain Juppé et à peine une de plus que Nicolas Sarkozy.
Evoquant « Un président ne devrait pas dire ça », le livre d'entretien entre François Hollande et des journalistes, François Fillon a estimé que le président de la République s’était « disqualifié » pour un nouveau mandat puis il a visé implicitement les deux favoris de la primaire.
"C'est pour moi une nouvelle fois le constat qu'il y a un problème éthique, un problème moral dans notre société. On trouve normal que des dirigeants politiques soient poursuivis devant la justice, on trouve normal qu'un président de la République livre des secrets-défense à des journalistes", a-t-il affirmé.
"UN COMMANDE DE 15 MINISTRES"
Celui qui se définit comme gaulliste souverainiste et revendique le "bon sens" des paysans sarthois n'a jamais été condamné par la justice, comme Alain Juppé dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, ni mis en examen comme Nicolas Sarkozy, notamment pour financement illégal de campagne électorale.
Mais c'est surtout vis-à-vis de ce dernier, auquel il rappelle avoir été "loyal" pendant cinq ans comme Premier ministre, qu'il marque le plus sa différence, sur la forme si ce n'est sur le fond.
Quand l'ancien président axe sa campagne sur "l'identité' et la "sécurité", son ancien "collaborateur", comme Nicolas Sarkozy avait qualifié François Fillon, place ce qu'il nomme la "liberté", à savoir selon lui le redressement économique, en tête de son programme.
On y trouve la fin des 35 heures, la réduction de la bureaucratie mais aussi le retour de la "discipline" et à une "tenue identique" à l'école ou le regroupement de la formation professionnelle sous l'égide des régions et des filières professionnelles.
"La sécurité sans la possibilité pour les Français de réussir, ça n'aboutira à rien du tout", a dit François Fillon avant d'en appeler, aussi, à "restaurer l'autorité de l'Etat".
Auteur de "Vaincre le totalitarisme islamique", un livre qu'il a dédicacé pendant une heure avant son meeting, il se démarque néanmoins de Nicolas Sarkozy en contestant une dénonciation des "communautarismes" qui conduirait "à durcir les lois sur la laïcité et à pénaliser les religions qui ne posent aucun problème".
S'il ironise sur la volonté de l'ancien président de faire adopter en trois mois un nouveau traité européen aux 27 Etats membres de l'UE, François Fillon se fait fort de "transformer la France" par une série de grandes réformes dans les quatre premiers mois de son mandat.
Ce sera avec "un commando de quinze ministres" dotés d'une "détermination sans faille" et d'une "une autorité morale". "Pas des collaborateurs, mais des ministres", a-t-il ajouté.
(Edité par Benoît Van Overstraeten)