par Emmanuel Jarry et Michel Rose
PARIS (Reuters) - A six jours du premier tour de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron a annoncé lundi, s'il est élu, la prise de pouvoir d'une nouvelle génération "citoyenne", "debout" et "en marche" au service du redressement d'une "nouvelle France".
"Ce que je vous propose, c'est qu'au mois de mai nous prenions le pouvoir", a lancé l'ex-ministre de l'Economie de 39 ans à quelque 20.000 partisans enthousiastes, de tous âges mais avec une forte proportion de jeunes, dans une salle de l'AccorHotels (PA:ACCP) Arena pleine à craquer.
Toujours en tête, avec la présidente du Front national Marine Le Pen, dans les intentions de vote, le candidat d'En Marche ! a accusé ces derniers jour une baisse de régime dans ces sondages, de même que la dirigeante d'extrême-droite.
La résistance de François Fillon, à droite, et surtout la percée du champion de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, exacerbent l'incertitude du premier tour et placent candidats et équipes de campagne sous pression.
En une heure et demie de discours, ponctué de "On va gagner", de "Macron président" et de plusieurs Marseillaise, l'ex-protégé de François Hollande s'est cependant peu attardé à attaquer ses principaux adversaires.
Il a présenté le scrutin de dimanche comme "le grand combat de la volonté contre le renoncement, de l'optimisme contre la nostalgie trompeuse, de la transformation contre l'immobilisme ou la restauration".
"Pour certains ce sera Cuba sans le soleil ou le Venezuela sans le pétrole", a-t-il résumé dans une allusion aux sympathies latino-américaines de Jean-Luc Mélenchon. "D'autres voudraient nous enfermer dans un choix simple : Mme Thatcher ou Trotsky."
"Ce dont nous avons collectivement la responsabilité", a-t-il poursuivi, c'est "de l'accession aux responsabilités d'une génération nouvelle, notre génération", pour tourner la page de 20 ans d'"enlisement" et de "consentement inavoué au chômage."
"GÉNÉRATION MACRON"
Une génération qu'il a placée dans la filiation des "reconstructeurs" de l'après Seconde Guerre mondiale et de celle qui a fait tomber le mur de Berlin. Une envolée saluée par la salle au cri de "Génération Macron ! Génération Macron !"
Avant qu'il monte sur la tribune centrale nimbée de lumière bleue, blanche et rouge, le président du RC Toulon, quadruple champion de France et triple champion d'Europe de rugby, avait joué les chauffeurs de salle en annonçant son ralliement.
Mourad Boudjellal, qui avait soutenu Christian Estrosi, président Républicains de la région PACA, contre le FN aux régionales de 2015, a expliqué que soutenir Emmanuel Macron c'était faire le choix "de l'optimisme, de l'Europe et de l'esprit de conquête" et une "opportunité historique".
Devant cet auditoire conquis d'avance, Emmanuel Macron a déroulé son programme et ses "nouvelles frontières", formule empruntée au président américain John Kennedy, reprenant aussi au passage l'idée de "fracture sociale" dénoncée "avec raison" il y a plus de 20 ans par le président de droite Jacques Chirac.
Emmanuel Macron a défendu sa volonté de dépasser les clivages traditionnels et de "choisir le meilleur de la gauche, de la droite et du centre".
Il a ainsi confirmé son intention d'instaurer une dose de scrutin proportionnel pour l'élection des députés, réforme chère au président du MoDem, François Bayrou, présent dans la salle.
Le candidat a invité tous ceux qui se sentent "compatibles" avec le projet d'En Marche ! à "briser les dernières digues" pour le rejoindre et fait acclamer le nom de son épouse par la foule, qui a scandé "Brigitte première dame !"
"La France ne peut avoir rendez-vous avec le ressentiment, la haine ou le mensonge", a-t-il conclu en un ultime coup de griffe à ses adversaires. "La France a rendez-vous avec ce qu'elle a de meilleur en elle : la confiance contre la défiance, l'unité contre la division, la lucidité contre les chimères."
(édité par Yann Le Guernigou)