Investing.com - Le S&P 500 a corrigé de plus de 10 % par rapport aux sommets atteints il y a près d’un mois. Officiellement, il a subi une correction. "La crainte d’un fort ralentissement de la croissance de l’économie américaine est à l’origine de ce mouvement baissier", souligne Óscar del Diego Ereza, directeur de l’analyse chez Ibercaja Gestión. Le "dégrossissement" est le nouveau terme à la mode : les investisseurs réduisent le risque face à l’augmentation de l’incertitude et de la volatilité sur les marchés, explique cet expert.
Et il en donne les raisons :
- Les fonds spéculatifs réduisent la taille de leurs positions longues et courtes, les marchés et les secteurs les plus populaires étant les plus touchés.
- Le facteur "momentum", stratégie qui consiste à parier sur les entreprises les plus performantes plutôt que sur les moins performantes, a chuté de 14 % aux États-Unis depuis le début du mois de février (il a même chuté de 20 %, mais a rebondi ces derniers jours).
- Les fonds gérés sur la volatilité réduisent leur exposition à des niveaux similaires à ceux atteints cet été, suite à la forte évolution du yen et du marché japonais.
"En d’autres termes, le mouvement touche davantage les gagnants des deux dernières années : technologie, médias, États-Unis, dollar, bitcoin, etc. et moins ceux qui avaient été laissés pour compte : Europe, Chine, Amérique latine, énergie, matériaux...", explique Ereza.
Le marché a atteint des niveaux de survente dans certains indicateurs (RSI, bullish-bearish, ...), mais pas dans tous. Sur le plan technique, le premier niveau de support du S&P-500 à 5 566 a tenu, mais il est possible qu’il soit à nouveau testé dans les prochains jours. S’il tient, ce serait un bon signe. Le niveau suivant serait inférieur de 3 % et coïnciderait avec le retracement de 38,2 % du mouvement haussier depuis octobre 2023. À ces niveaux, le marché se situerait à des valorisations d’environ 19 fois les bénéfices attendus sur 12 mois, ce qui pourrait également servir de support.
Comme le souligne à juste titre Marko Papic, stratégiste géopolitique chez BCA research, le marché s’immunise rapidement contre les risques géopolitiques : il n’est souvent pas nécessaire que la situation s’améliore, il suffit qu’elle cesse de se dégrader. Le marché haussier du Covid-19 a commencé en mars 2020 et le conflit ukrainien a cessé d’être pertinent pour le marché en septembre 2022 (bien qu’il ait repris de l’importance ces dernières semaines). Il pourrait en être de même pour les tarifs : le marché pourrait "passer à autre chose" si le flux de nouvelles ne s’aggrave pas.
"Le 2 avril approche, date à laquelle des tarifs douaniers réciproques avec le reste du monde devraient être mis en œuvre selon les menaces de Trump. Il faudra garder un œil sur les écrans", conclut Ereza.