Les marchés boursiers sont en hausse, au point que cela en devient inconfortable compte tenu du contexte. Avec des indices majeurs qui atteignent régulièrement de nouveaux records, les investisseurs s’inquiètent de savoir ce qui pourrait faire chuter les actions.
Mohamed El-Erian, célèbre économiste actuellement conseiller économique en chef d'Allianz (DE:ALVG), a répondu à la question lors d’une interview accordée à Yahoo Finance.
L'économiste pense que la voie de la moindre résistance continue d'être à la hausse alors que les actions flottent dans une « bulle rationnelle ».
Une bulle rationnelle existe lorsque les investisseurs sont prêts à payer plus pour les actions que ne le justifie le flux actualisé des dividendes futurs. Si les investisseurs estiment que les gains potentiels résultant de l'augmentation du prix des actions justifient l'abandon de la "valeur fondamentale" de l'action, un processus d'augmentation des prix peut s'enclencher, c’est la bulle rationnelle.
Cependant, même s'i El Erian conserve une vision positive, il a estimé que cette situation est donc menacée par 4 risques.
Le premier risque qu’il a cité, également le moins probable selon lui, est que la Réserve fédérale se retire de sa politique de relance monétaire. Mais comme l'a dit le président de la Fed, la banque centrale est encore loin d’y penser.
El-Erian pense que si la raison de la Fed de garder les robinets ouverts est l'inquiétude concernant la faiblesse de la reprise économique, il y a aussi une raison moins explicite : "Ils ne veulent pas répéter la crise de colère", dit-il, en faisant référence à la forte hausse des rendements obligataires en 2013, suite aux commentaires de la Fed qui a déclaré qu'elle commencerait à réduire les mesures de relance.
"Ils craignent que des rendements plus élevés ne modifient l'appétit pour les actions", a déclaré M. El-Erian. "Ils ne veulent pas que la volatilité du marché boursier compromette l'économie."
Le second risque cité par l’économiste est une vague de faillites d'entreprises. "Cela va arriver dans une certaine mesure, mais pas assez, je pense, pour changer le comportement des marchés", a déclaré M. El-Erian. En effet, plus de 600 entreprises ont déposé leur bilan l'année dernière, dont des noms du secteur de la consommation bien connus comme Lord & Taylor et CEC Entertainment, la société mère de Chuck E. Cheese.
Le troisième risque à envisager serait "une sorte d'accident boursier". Nous assistons à une prise de risque importante", a souligné El-Erian. Cela nous ramène au krach de 1999, lorsque les évaluations des start-ups technologiques ont grimpé en flèche, puis se sont effondrées, les investisseurs étant prêts à payer des prix élevés pour une croissance future estimée. Or, nombreux sont ceux qui trouvent des points communs entre cette période et la période actuelle.
Enfin, le dernier risque cité par El-Erian serait une hausse des rendements obligataires. "Si nous devions voir une autre variation de 20 points de base des rendements, ce serait une mauvaise nouvelle", a-t-il déclaré.
Il a expliqué que l'un des moteurs de la hausse des actions est l'idée qu'"il n'y a pas d'alternative" pour obtenir du rendement, puisque les obligations rémunèrent actuellement à des taux très faibles. Si les rendements des obligations augmentent de manière plus significative, cela pourrait constituer une alternative intéressante aux actions et entrainer des transferts de fonds du marché des actions vers le marché obligataire.
Cependant, El-Erian estime que pour l’instant, le plus probable est que les actions continuent à augmenter : "Pour être clair, la voie de la moindre résistance à l'heure actuelle est plus élevée", a-t-il en effet déclaré.