L'horizon du constructeur aéronautique canadien Bombardier s'est assombri un peu plus mardi avec l'annonce de la suppression de 1.700 emplois, suite logique de la forte baisse des livraisons d'avions l'an dernier et du retard d'un an de la sortie de son nouvel avion CSeries.
Bombardier a fait passer une note à ses salariés pour annoncer cette coupe claire au Québec (est du Canada) et dans son site de Wichita au Kansas (centre des Etats-Unis).
Ces suppressions d'emplois, dont 300 ont déjà été effectuées en décembre, vont affecter principalement le site de Mirabel, à côté de Montréal, avec 1.100 licenciements, a indiqué Sylvie Gauthier, porte-parole de Bombardier.
Avant cette restructuration, le groupe employait dans le monde 38.350 personnes dans sa branche aéronautique (22.200 au Canada), ce sont donc 4,4% des emplois qui sont supprimés.
Chute des commandes de 19% en 2013
Cette réduction de la voilure est dictée par la mauvaise passe traversée par le constructeur canadien qui avait annoncé lundi une chute de 19% de ses commandes l'an dernier. Pour le président de cette branche, Guy Hachey, ce recul s'explique par "une économie mondiale restée obstinément au ralenti".
De plus, la semaine dernière Bombardier avait douché les investisseurs en prévoyant un retard d'un an pour la sortie d'usine de son dernier-né, le CS100, assemblé à Mirabel et prévu maintenant à l'automne 2015. Six mois après, le CS300, autre mono-couloir de cette gamme CSeries, sera livré aux compagnies clientes, selon le nouveau calendrier.
Ce retard entraîne une hausse des coûts du programme du nouvel avion, initialement estimés à 3,4 milliards de dollars et pèse sur la trésorerie du groupe, nécessitant en cascade des plans d'économie avec des licenciements.
La facture risque d'être salée. "Chaque année de retard devrait augmenter les coûts de développement d'un milliard de dollars". Compte tenu du coût estimé au départ et avec un retard maintenant de deux ans, "le coût de développement (du CSeries) sera proche de 5,5 milliards", a estimé Kristine Liwag, analyste de la Banque Royale.
Son collègue de la Banque Royale Walter Spracklin note même le risque que ce programme soit difficile à amortir. Avec un prix moyen de 50 millions de dollars par appareil et une marge bénéficiaire de 10%, "Bombardier devra vendre 800 avions pour être à l'équilibre", a noté Walter Spracklin.
Le carnet de commandes pour le CSeries est de seulement 198 appareils de la part de 17 compagnies clientes, avait indiqué Bombardier il y a une semaine.
Sylvie Gauthier a indiqué que les suppressions touchaient tous les métiers, des métiers de l'ingénierie et la conception aux chaînes d'assemblage et aux services commerciaux. Tous les programmes sont touchés par la restructuration, aussi bien le programme CSeries que la fabrication des avions régionaux CRJ et les avions d'affaires Learjet. Cependant, selon Walter Spracklin, "nous croyons que la majeure partie des licenciements à Montréal seront liés au programme CSeries et que ceux aux Etats-Unis concerneront le Learjet".
Environ 3.000 employés, dont 800 ingénieurs, étaient affectés au programme de la CSeries.
Les employés licenciés dans le cadre de cette restructuration seront prioritaires pour les embauches en cours ou à venir, a indiqué Mme Gauthier.
A la Bourse de Toronto, l'action Bombardier cédait 1,7% après cette annonce, à 4,04 dollars canadiens, à 19h00 GMT.