Le Portugal sera soumis à un programme "dur mais nécessaire", qui devrait entraîner une récession en 2012 et 2013, en échange d'une aide financière de 78 milliards d'euros négociée avec l'UE et le FMI.
"C'est un programme dur, mais nécessaire et juste", a déclaré à Lisbonne le chef de la mission de la Commission européenne, Jürgen Kröger, tandis que son homologue du Fonds monétaire international (FMI), Poul Thomsen, l'a qualifié d'"ambitieux et réaliste".
Ce programme a "reçu un grand soutien des partis qui ont accepté de dialoguer", s'est félicité M. Kröger, précisant que l'exécutif qui "sortira des prochaines élections devra assumer la responsabilité de ce programme" sous peine de se voir "limiter" les transferts de fonds prévus dans l'accord conclu mardi avec le gouvernement démissionnaire portugais.
A l'instar du CDS, parti minoritaire de droite, le président du principal parti de l'opposition (PSD, centre-droit), Pedro Passos Coelho, a affirmé son "total engagement avec les objectifs" du programme économique. Les partis de la gauche antilibérale avaient refusé de participer aux négociations.
Le consensus politique était l'une des exigences de la mission UE-FMI, afin d'obtenir des garanties sur la mise en oeuvre de ce programme, quelle que soit l'issue des élections du 5 juin prochain, convoquées après la démission du Premier ministre socialiste José Socrates.
Le plan de sauvetage du Portugal, troisième pays de la zone euro à recourir à une aide extérieure après la Grèce et l'Irlande l'an dernier, exigera des "efforts majeurs de la population", ont averti jeudi le Commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, et le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn.
"Dans ce contexte, nous soutenons vivement l'intention des autorités de protéger les groupes les plus vulnérables et d'assurer qu'il sera mis en place d'une manière socialement équilibrée", ont-t-il toutefois fait valoir dans un communiqué conjoint.
Jeudi matin, le ministre portugais des Finances, Fernando Teixeira dos Santos, avait indiqué que ce plan entraînerait une contraction de l'économie "d'environ 2% en 2011 et 2012" et que le chômage pourrait atteindre les 13% d'ici 2013.
Ces efforts permettront néanmoins de procéder à "des réformes profondes vers une économie plus dynamique", a-t-il souligné lors d'une conférence de presse pour dévoiler le détail de ce plan d'austérité, qui prévoit une réduction du déficit public plus progressive que prévu, à 3% du PIB fin 2013 après un déséquilibre de 9,1% l'an dernier.
Ses principales mesures comprennent une réduction des retraites supérieures à 1.500 euros, une baisse des dépenses de santé, une hausse de la TVA sur certains produits, une baisse de la durée et du montant des allocations chômage, ainsi que des réformes des marchés du travail, un fonds destiné à renflouer les banques en cas de besoin et un vaste programme de privatisations.
Applaudi par la plupart des économistes, qui craignaient une cure d'austérité trop sévère face au besoin de relancer la croissance économique, ce programme a en revanche été critiqué par les syndicats qui s'inquiètent de son impact social.
"Les conditions de vie des travailleurs, des retraités et d'une grande partie de la population risquent de s'aggraver", a affirmé Manuel Carvalho da Silva, secrétaire général de la CGTP, principale confédération syndicale du pays, dont une partie des syndicats de fonctionnaires avaient appelé à la grève vendredi.