ATHENES (Reuters) - La Grèce puise dans les réserves des caisses de retraite et d'organismes du secteur public pour pouvoir couvrir ses besoins de financement de mars, a-t-on appris mardi auprès de responsables de la gestion de la dette.
Coupée des marchés de capitaux et des financements de ses créanciers, la Grèce court le risque de se retrouver sans argent dans les semaines qui viennent alors qu'elle doit rembourser ce mois-ci 1,5 milliard d'euros au Fonds monétaire international (FMI).
Le gouvernement a affirmé qu'il respecterait cette échéance et les autres, sans dire comment.
Une partie des besoins de financement du mois sera couverte par des transactions au moyen desquelles les caisses de retraite et d'autres organismes public prêteront de l'argent à l'agence de gestion de la dette par le biais d'un accord de prise en pension jusqu'à 15 jours, ont expliqué les responsables à Reuters.
L'argent ainsi mobilisé est déposé auprès de la Banque de Grèce, qui devient la contrepartie de l'agence de gestion de la dette.
Ce procédé ne pourra être employé pour rembourser le FMI sauf si le gouvernement peut également rembourser les organismes publics auxquels il aura emprunté, a observé un haut fonctionnaire du gouvernement.
L'argent est prêté à l'agence pour une durée de 24 heures à 15 jours moyennant une garantie, en général de la dette nationale, et remboursé à échéance avec intérêts. Le prêteur peut toujours reconduire l'accord de prise en pension et recueillir un rendement meilleur que sur le marché interbancaire.
Une source au fait de la question avait dit précédemment qu'Athènes pourrait lever jusqu'à trois milliards d'euros par ce procédé; mais on ne sait pas combien le gouvernement a déjà levé par ce biais.
"Une somme a déjà été levée de cette manière", a dit un responsable de la dette, sans être plus précis.
La Grèce, dont le budget de fonctionnement mensuel est de l'ordre de 4,5 milliards d'euros, dont 1,5 milliard réservés pour les traitements et les retraites des fonctionnaires, est à court de possibilités de financement même si elle a passé un accord avec la zone euro prolongeant de quatre mois l'aide internationale.
Confrontée à une chute de ses recettes fiscales, elle risque de manquer de liquidités d'ici la fin du mois et même peut-être avant, encore que le gouvernement s'emploie à tenter de persuader les créanciers qu'il n'y aura pas de défaut.
"Nous sommes convaincus que les remboursements seront pleinement honorés, surtout ceux au FMI, et qu'il y aura de la liquidité pour nous mener jusqu'à la fin de la période de quatre mois", a déclaré lundi soir à la télévision grecque le ministre des Finances, Yanis Varoufakis. "Mars est assuré".
(George Giorgopoulos, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)