BRASILIA (Reuters) - La présidente brésilienne, Dilma Rousseff, a défendu sa politique d'austérité budgétaire, appelant ses compatriotes à accepter ces "sacrifices temporaires" mais reconnaissant qu'ils ne porteraient pas leurs fruits avant la fin de l'année.
"C'est un processus qui durera aussi longtemps que nécessaire pour rééquilibrer notre économie", a-t-elle souligné lors d'un discours télévisé, dimanche soir, à l'occasion de la Journée des droits des femmes.
"Nous attendons une première réaction d'ici la fin du second semestre", a-t-elle reconnu.
Loin des 7,5% de croissance enregistrés en 2010, l'économie brésilienne est à l'arrêt : après une année de croissance pratiquement nulle en 2014, le Brésil devrait connaître la récession en 2015, selon des projections d'économistes interrogées par la Banque centrale.
Sur le front du chômage, les destructions d'emplois en janvier ont été sans précédent sur un mois depuis plus six ans et 81.774 postes ont été supprimés dans l'économie brésilienne. Le chômage frappe désormais 5,3% de la population active.
En février, l'inflation sur un an a atteint 7,7%, un niveau sans précédent depuis mai 2005.
A ce contexte macroéconomique déprimé s'ajoutent les effets politiques du scandale de corruption autour de la compagnie pétrolière Petrobras qui fragilise la coalition parlementaire de Dilma.
Les présidents des deux chambres du Congrès et 32 autres responsables politiques sont mis en cause dans cette vaste affaire de corruption liée à la compagnie pétrolière publique.
Des millions de dollars auraient été détournés des caisses de la firme au profit de plusieurs formations politiques, dont le Parti des travailleurs (PT) de Dilma Rousseff, réélue l'an dernier, qui a dirigé le conseil d'administration de Petrobras de 2003 à 2010.
La politique d'austérité, qui a débuté par des coupes dans les dépenses publiques, s'est prolongée par une réduction des abattements fiscaux et des subventions du crédit.
Le gouvernement Rousseff prévoit aussi de réduire les allocations chômage et les pensions de retraite, se heurtant à la résistance d'une partie des élus du Parti des travailleurs.
La semaine dernière, un projet de décret visant à augmenter le produit de la taxe sur la masse salariale qu'acquittent les entreprises a été rejeté au Sénat par le PMDB (Parti du mouvement démocratique du Brésil), le principal allié du PT.
Or Dilma Rousseff aura besoin de soutien pour la politique d'austérité qui doit permettre de réduire le déficit public et préserver la "signature" du pays sur les marchés obligataires en évitant une dégradation du Brésil par les agences de notation.
(Anthony Boadle et Alonso Soto, Henri-Pierre André pour le service français)