FRANCFORT, (Reuters) - Des manifestants anticapitalistes se sont heurtés aux policiers anti-émeutes mercredi matin à Francfort aux abords du nouveau siège de la Banque centrale européenne (BCE), mettant le feu à des barricades et à des véhicules le jour de l'inauguration des nouveaux locaux.
Ce bâtiment, très haut, aura coûté un milliard d'euros.
Près de 90 policiers ont été blessés par des jets de pierre émanant d'un noyau dur des manifestants, qui s'étaient rassemblés par milliers aux abords du gratte-ciel, a rapporté la police. Certains manifestants ont été indisposés par les jets de gaz au poivre effectués par les policiers.
Sept véhicules de police ont été incendiés, des rues ont été bloquées par des tas de pneus et de poubelles en flammes, et des magasins ont été endommagés dans le centre. De la fumée noire s'élevait devant les tours de la BCE et en d'autres points du centre de Francfort.
Les manifestants étaient environ 10.000 selon les organisateurs, un groupe appelé Blockupy, qui tire son nom du mouvement Occupy Wall Street de 2011.
Les forces de police ont eu recours aux canons à eau pour tenter de se frayer un chemin à travers la masse compacte des manifestants vêtus de sombre, afin de tenter d'atteindre l'entrée du bâtiment. Plusieurs personnes ont été emmenées pour interrogatoire par les policiers.
"MANIFESTER HAUT ET FORT"
Le président de la BCE, Mario Draghi, s'est adressé aux manifestants dans son discours d'inauguration du nouveau siège, estimant qu'ils avaient tort de fustiger la Banque centrale européenne.
"L'unité de l'Europe est sous tension", a-t-il dit, selon une copie du texte communiquée à l'avance. "Les populations traversent des temps très difficiles. Certains, comme bon nombre des manifestants rassemblés dehors aujourd'hui, pensent que le problème, c'est que l'Europe n'en fait pas assez".
"Mais la zone euro n'est pas une union politique du genre où certains pays payent en permanence pour les autres. Il a toujours été clair que les pays doivent s'en sortir par eux-mêmes, et que chacun est responsable de ses choix politiques. Le fait que certains ont dû traverser une période d'ajustement difficile ne procède par conséquent pas d'un choix qui leur a été imposé. C'est la conséquence de décisions passées", a-t-il ajouté.
L'un des organisateurs de la manifestation, Ulrich Wilken, a déclaré que "Notre rassemblement est dirigé contre la BCE, en tant que membre de la troïka, qui, bien qu'elle n'ait pas été démocratiquement élue, entrave le travail du gouvernement grec. Nous voulons la fin de la politique d'austérité".
"Nous voulons manifester haut et fort, mais pacifiquement", a-t-il dit à Reuters.
(John O'Donnell et Frank Siebelt; Danielle Rouquié et Eric Faye pour le service français)