PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy promet "la guerre" à Marine Le Pen, dont il entend "récupérer (l)es électeurs", et affirme avoir changé sur les enjeux de l'immigration, qui doivent passer selon lui de "l'intégration à l'assimilation".
A quatre jours du premier tour des élections départementales, pour lesquelles le Front national devance l'UMP dans plusieurs enquêtes d'opinion, le président de l'UMP explique dans Valeurs actuelles son retour en première ligne par l'ascension, notamment, du FN ces dernières années.
"J'ai vu le FN devenir la seule force d'opposition, j'ai eu le sentiment que ma famille politique avait perdu toute colonne vertébrale. J'étais à la croisée des chemins et j'ai décidé de m'y remettre", dit-il.
L'ancien chef de l'Etat, qui compte "infliger une belle claque" à François Hollande et Manuel Valls, fait pourtant de Marine Le Pen sa cible privilégiée, comme le fait d'ailleurs le Premier ministre socialiste Manuel Valls.
"Depuis dix ans, je suis son principal adversaire parce qu'elle a compris que je suis l'obstacle. La guerre, je n'en ai pas peur, elle va l'avoir", souligne-t-il.
"Ce n'est pas une question de morale, les électeurs font ce qu'ils veulent. Mais depuis Mitterrand, la gauche se sert du FN pour battre la droite et ça, c'est terminé", prévient Nicolas Sarkozy, qui dénonce l'alliance présumée "FNPS".
Le président de l'UMP, qui maintient l'ambiguïté sur sa participation à la primaire présidentielle de 2016 à droite, assure qu'il n'est "revenu ni en amateur ni en touriste".
DE L'INTÉGRATION À L'ASSIMILATION
Aux électeurs qui s'interrogent sur le flou programmatique de l'UMP pour la présidentielle de 2017, il promet, mais sans "précipitation", "un traitement de cheval" : quelques mesures "très lisibles et très fortes".
"Sur l'immigration, précise-t-il, j'ai changé, je pense que nous devons passer de l'intégration à l'assimilation", un concept jusqu'ici défendu publiquement par le seul François Fillon, là où Alain Juppé prône l'intégration au nom d'une "identité heureuse".
"J'ai voulu décomplexer la droite française. J'ai été insulté durant dix ans, y compris par des gens de ma famille politique, quand j'ai parlé d'identité. Aujourd'hui, tout le monde en parle", justifie Nicolas Sarkozy.
"On s'assimile à un pays qui a son mode de vie et qui ne veut pas en changer".
Jusqu'ici mesuré sur les questions relatives à l'islam et à la laïcité, Nicolas Sarkozy a franchi un pas mardi soir sur TF1 (PARIS:TFFP) en se prononçant pour l'interdiction du voile à l'université ainsi que des menus de substitution sans porc dans les cantines scolaires, comme en a décidé le maire UMP de Chalon-sur-Saône.
Ses principaux rivaux pour la présidentielle, Alain Juppé, François Fillon, mais aussi Bruno Le Maire, ont dit leur hostilité à l'interdiction du voile dans les universités.
Pour le politologue Thomas Guénolé, la primaire UMP de 2016 se jouera "pour ou contre la lepénisation de la droite".
Dans Le Figaro de mercredi, un conseiller de Nicolas Sarkozy explique ainsi la stratégie de l'ancien président pour les départementales : "Il est nécessaire qu'on ne lui reproche pas d'être tenté par un risque de dérive vers le FN".
"Il veut être d'autant plus ferme sur les alliances qu'il sera plus transgressif sur le fond, après les départementales".
(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)