par Jean-François Rosnoblet
SEYNE-LES-ALPES, Alpes-de-Haute-Provence (Reuters) - Un Airbus (PARIS:AIR) A320 de la compagnie allemande low cost Germanwings s'est écrasé mardi dans les Alpes françaises, causant la mort des 150 personnes qui se trouvaient à bord, selon les autorités françaises. On ignore pour le moment la cause de la catastrophe.
L'avion, qui effectuait la liaison entre Barcelone et Düsseldorf, s'est désagrégé dans les montagnes près de Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence), à environ 2.000 mètres d'altitude, dans une zone en pente très abrupte et difficile d'accès, où les hélicoptères ne peuvent se poser.
"On a un avion qui a littéralement explosé, les corps sont très abîmés", a déclaré le procureur de la République de Marseille, Brice Robin, qui a ouvert une enquête pour homicide involontaire après avoir survolé le site.
Cette incrimination conduit à penser que la piste terroriste est à ce stade écartée et la compagnie aérienne Lufthansa (XETRA:LHAG), dont Germanwings est une filiale, a elle aussi déclaré travailler sur l'hypothèse d'un "accident".
Les débris sont éparpillés sur environ un hectare avec à peine une demi-douzaine de gros éléments, a dit le lieutenant-colonel Jean-Paul Bloy, de la gendarmerie de Hyères (Var).
"Cela va être extrêmement compliqué pour relever les éléments sur place. Cela prendra des jours pour dégager d'abord les victimes, puis les débris", a-t-il dit.
Le général David Galtier, commandant de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), a annoncé mardi en fin d'après-midi que des gendarmes resteraient en altitude pendant la nuit mais que, pour l'essentiel, ils figeraient la scène de l'accident.
"On est toujours dans une phase de recherches, il n'y aura pas d'hélitreuillage des corps avant mercredi", a-t-il dit.
L'AVION A "DÉCROCHÉ"
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, présent dans la vallée où les secours s'organisent, a annoncé que les médecins légistes arriveraient sur les lieux mercredi pour commencer leur travail.
Une première boîte noire a été retrouvée mardi et ses éléments seront examinés, a-t-il ajouté.
François Hollande, qui se rendra mercredi sur les lieux de la catastrophe avec la chancelière Angela Merkel et le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, a confirmé qu'il y avait 150 victimes espagnoles, allemandes et turques.
Le patron de Germanwings, Thomas Winkelmann, a déclaré lors d'une conférence de presse à Cologne qu'il y avait 67 Allemands à bord, dont deux bébés. Selon des officiels de la ville allemande de Halte, une classe de 16 élèves et leurs deux enseignants faisaient aussi partie des passagers.
A Madrid, un porte-parole du gouvernement a précisé que 45 personnes à bord portaient des noms espagnols. Le Grand Théâtre barcelonais du Liceu indique par ailleurs sur Twitter qu'Oleg Bryjak et Maria Radner, deux chanteurs d'opéra allemands qui regagnaient Düsseldorf après avoir joué Siegfreid de Wagner dans la capitale catalane, comptent parmi les victimes.
Selon Thomas Winkelmann, l'avion avait atteint l'altitude de 38.000 pieds à 10h35 (09h35 GMT), "mais au bout d'une minute, il a décroché et a commencé à perdre de l'altitude".
"Cela a duré pendant huit minutes", a-t-il ajouté en précisant que le contact avec les radars français avait été perdu à 10h53 (09h53 GMT), l'avion se trouvant alors à une hauteur de 6.000 pieds environ. Il s'est ensuite écrasé.
PAS DE CHUTE LIBRE
Cette durée suggère une descente rapide mais pas une chute libre, estiment des experts de l'aviation.
L'A320 de Germanwings était en service depuis 24 ans, avait subi une révision en profondeur à l'été 2013 et était piloté par un aviateur qui avait plus de 10 ans d'expérience au sein de Lufthansa et Germanwings, a ajouté le patron de la compagnie.
Selon la direction générale de l'aviation civile (DGAC), la conjonction de la perte de contact radio et de la mise en descente a conduit le contrôleur aérien à déclencher la phase de détresse. La DGAC avait d'abord dit que l'appareil s'était déclaré en état de détresse à 10h47 (09h47 GMT) alors qu'il était en descente au niveau de vol FL380 à 5.000 pieds.
Les secours ont installé leur camp à Seyne-les-Alpes, dans la vallée, où seront rapatriés les corps une fois qu'ils auront pu être retirés des décombres. Dix hélicoptères de la gendarmerie, de l'armée de l'air et de la protection civile, un avion, ainsi que 600 hommes environ, tous corps confondus, travaillent sur place.
La météo a rendu les opérations délicates, les lieux de l'accident étant noyés dans les nuages, mais le ciel devrait s'éclaircir mercredi.
Des membres du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) pour la Sécurité de l'Aviation civile et de son homologue allemand doivent se rendre mercredi sur les lieux de l'accident. Les experts de la Lufthansa, de Germanwings et d'Airbus sont également attendus.
Il s'agit du premier accident d'un avion de ligne sur le sol français depuis celui d'un Concorde à Gonesse, près de Roissy, en juillet 2000, qui avait fait 109 morts.
Les moyen-courriers A320 sont les plus vendus au monde avec les B737 de Boeing (NYSE:BA). Sur son site internet, Airbus signale qu'un appareil de cette famille d'avions décolle ou atterrit toutes les 2,5 secondes chaque jour.
(Avec Service France, avec Michael Nienaber à Berlin, Tim Hepher à Paris, édité par Yves Clarisse)