Le gouvernement argentin a levé mardi 1,415 milliard de dollars en obligations, une opération contestée par l'un des fonds d'investissement américains avec lequel il est en conflit depuis des mois sur le règlement de sa dette.
"Nous avions reçu des offres pour 1,878 milliard de dollars, c'est-à-dire 3,7 fois le montant prévu de 500 millions", a indiqué la secrétaire d'Etat aux Finances dans un communiqué, précisant que les fonds levés serviront à la construction de logements.
En revanche, l'un des fonds en conflit avec Buenos Aires, NML Capital, a contesté l'opération, soulignant qu'il s'agit d'"une transaction très inhabituelle" qui pourrait violer le jugement prononcé contre l'Argentine par le juge new-yorkais Thomas Griesa.
Le juge Griesa avait bloqué en juillet 2014 le paiement de 539 millions de dollars dus aux créanciers de l'Argentine, ce qui avait conduit les agences de notation à placer le pays en situation de défaut de paiement partiel.
Il agissait ainsi en vertu d'un première décision de la justice américaine, qui a donné gain de cause aux fonds NML et Aurelius, en désaccord avec le plan de restructuration de la dette argentine, et ordonné leur remboursement à hauteur de 1,3 milliard de dollars.
"L'idée que +l'Argentine est isolée du monde+ est totalement enterrée. Les fonds +vautours+ n'ont pas réussi à faire peur", a réagi le ministre argentin de l'Economie, Axel Kicillof, en commentant le résultat de l'émission obligataire.
Le juge Griesa a estimé mercredi lors d'un point de presse que cette émission argentine ne lui semblait pas contrevenir à son jugement.
"Je n'ai rien devant moi qui donnerait une indication factuelle que la République (argentine) essaie de circonvenir à des décisions précédentes", a-t-il déclaré.
Mais s'adressant à l'avocat de NML, il a déclaré: "Mettez-vous au travail tout de suite et, s'il y a quelque chose, je serais là", estimant que sa préoccupation face à l'émission argentine était "légitime".
Le bon argentin proposé mardi, Bonar 24, offre un taux fixe annuel de 8,75%, avec comme échéance le 7 mai 2024.
NML fait partie des 7% des créanciers de l'Argentine qui ont refusé les termes de la restructuration en 2005 puis 2010 de la dette du pays, tombé en faillite en 2001. A l'inverse, les autres 93% ont accepté l'offre de remboursement partiel de Buenos Aires.