par Howard Schneider et Jonathan Spicer
WASHINGTON (Reuters) - La croissance de l'économie américaine est modérée, après le coup de froid hivernal, mais sans doute suffisamment solide pour supporter une hausse des taux d'intérêt d'ici la fin de l'année, quoique le marché du travail suscite encore quelques interrogations, estiment les autorités de la Réserve fédérale.
Avec une économie encore capable de réaliser une croissance pouvant atteindre 2% cette année, la Fed, au vu de son dernier communiqué, reste apparemment disposée à opérer une première hausse des taux dès cette année, voire même une deuxième.
Sa présidente, Janet Yellen, a toutefois rappelé que la décision relative aux taux d'intérêt dépendait de l'évolution des données économiques et en particulier du marché de l'emploi, dont la situation doit encore s'améliorer.
Lors d'une conférence de presse donnée mercredi au terme d'une réunion de politique monétaire ouverte la veille, Janet Yellen a dit qu'elle voulait des "preuves plus tangibles" d'une croissance apte à durer, alimentée en particulier par des revalorisations salariales qui aillent bien au-delà de ce qui se pratique actuellement.
"Le comité (de politique monétaire, Fomc) continue de penser que la première hausse du taux des Fed funds sera pertinente lorsqu'il aura constaté une nouvelle amélioration du marché du travail et qu'il pourra raisonnablement espérer voir l'inflation remonter vers l'objectif de 2% à moyen terme; lors de notre réunion qui s'est achevée aujourd'hui, le comité a conclu que ces conditions n'étaient pas encore réunies", a-t-elle expliqué.
"Des faiblesse d'ordre cyclique persistent sur le marché du travail", a-t-elle aussi remarqué.
La Fed a abaissé sa prévision de croissance de 2015, à 1,8%-2,0% contre 2,3%-2,7% précédemment, pour prendre en compte le coup d'arrêt du début d'année. C'est la deuxième fois depuis décembre que la banque centrale revoit en baisse sa projection de croissance pour 2015.
L'institut d'émission a également dit que le chômage serait un peu plus élevé en fin d'année - à 5,2%-5,3% - qu'on ne le pensait en mars malgré l'amélioration des conditions d'emploi. Le taux de chômage était de 5,5% en mai.
L'inflation reste faible mais devrait progressivement remonter vers l'objectif à terme de 2%, a poursuivi la banque centrale.
UNE OU DEUX HAUSSES
Les projections des gouverneurs de la Fed donnent toujours un taux des Fed funds de l'ordre de 0,625% en fin d'année et à 1,625% fin 2016, en déçà de leur précédente projection qui le donnait à 1,875%.
Pour cette année, cela impliquerait deux hausses d'un quart de point d'ici la fin de l'année, la première en septembre, suivant l'avis de beaucoup d'analystes.
La Fed a laissé le taux des Fed funds dans sa fourchette de 0%-0,25% mercredi.
"La Fed a deux critères : une amélioration du marché du travail, que nous continuons d'observer, et pouvoir dire avec confiance que l'inflation évoluera vers son objectif; ça commence à se faire", commente Wayne Kaufman, analyste de Phoenix Financial Services.
Le cycle de hausse des taux ne sera a priori que progressif et la politique monétaire, après le lancement du cycle de resserrement, restera sans doute accommodante pendant encore un bon moment, a également observé Janet Yellen, insistant sur le fait que les marchés ne devaient pas se focaliser sur la toute première hausse des taux mais plutôt sur la trajectoire de remontée du loyer de l'argent.
"Je tiens à le souligner : il ne faut pas exagérer l'importance de la première hausse. Il est probable que la politique monétaire restera très accommodante pendant un bon moment après la première hausse du taux des Fed funds afin de continuer à progresser vers nos objectifs d'emploi maximal et d'une inflation de 2%".
Les marchés ont peu réagi aux nouvelles émanant de la banque centrale. Wall Street a fini en légère hausse, alors qu'elle était dans le rouge en matinée, tandis que les Treasuries ont monté et que le dollar fléchissait face à un panier de monnaies.
(Wilfrid Exbrayat pour le service français)