PARIS (Reuters) - La France a dit lundi croire encore en la possibilité d'un accord entre la Grèce et ses créanciers, mais François Hollande a signifié à Athènes que la balle était dans son camp.
Les autorités françaises, qui "regrettent" la décision du Premier ministre grec Alexis Tsipras de rompre les négociations et de convoquer un référendum, se disent prêtes à jouer les "traits d'union" pour relancer le dialogue.
"La France est disponible, toujours disponible pour que le dialogue puisse reprendre aujourd'hui ou demain, mais aujourd'hui il y a toujours la possibilité d'un accord, demain, ça dépendra de la réponse des Grecs au référendum", a déclaré François Hollande à l'issue d'un conseil des ministres restreint consacré à la situation grecque.
"La France est toujours prête à agir, mais elle ne peut le faire que s'il existe une volonté commune de parvenir à une solution", a-t-il insisté.
L'exécutif français dit respecter la décision d'Alexis Tsipras d'organiser un référendum le 5 juillet sur le programme de soutien à la Grèce, mais il en appelle à la "responsabilité".
"C'est son choix souverain, (...) c'est la démocratie, c'est le droit du peuple grec de dire ce qu'il veut pour son avenir", a poursuivi le président français. "La solidarité est toujours possible quand la responsabilité est là".
Le ministre français des Finances, Michel Sapin, a confirmé sur France Inter que la France se tenait prête à jouer les intermédiaires.
"Nous sommes bien placés pour que nous soyons les acteurs de cette reprise du dialogue, en lien avec les autorités européennes", a-t-il justifié.
"Est-ce que demain il peut y avoir une nouvelle capacité à accompagner la Grèce? La réponse est oui, dans les conditions du dialogue, de la négociation, de la discussion, du respect".
"La place de la Grèce, c'est dans l'euro", a souligné Michel Sapin, qui considère toutefois qu'un "Grexit" est désormais "une possibilité".
"IL RESTE ENCORE UN ESPACE"
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, devait indiquer lundi à la mi-journée "la voie à suivre" pour favoriser une reprise des discussions, a annoncé Pierre Moscovici, pour qui les parties sont "à quelques centimètres d'un accord".
Le commissaire européen aux Affaires économiques et financières a estimé sur RTL qu'il restait "des marges pour la négociation".
Pierre Moscovici a exhorté ouvertement le chef du gouvernement grec à appeler au "oui" pour le référendum, alors qu'Alexis Tsipras a indiqué qu'il allait demander aux Grecs de rejeter les dernières propositions des créanciers.
L'enjeu, a-t-il dit, est de "parvenir à convaincre le gouvernement grec d'appeler à voter 'oui'" et "comment nous pouvons faire en sorte qu'on vote 'oui' en Grèce". "Moi je souhaite que M. Tsipras puisse appeler à voter 'oui'".
Les positions entre Athènes et ses créanciers étaient "assez proches" avant qu'Alexis Tsipras ne décide de suspendre les pourparlers, "maintenant il reste encore un espace", a insisté Pierre Moscovici.
Il s'est voulu rassurant sur les conséquences d'une possible sortie de la Grèce de la zone euro : "La zone euro aujourd'hui a tous les moyens de traiter toutes les situations, (...) nous avons tous les pare-feux pour faire face à ça".
François Hollande a souligné que la France était une économie "robuste" et qu'elle n'avait "rien à craindre de ce qui peut se produire". Pierre Moscovici a dit pour sa part que "les impacts éventuels sur l'économie française seraient très limités".
(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)