PARIS (Reuters) - La Chine a confirmé mardi son objectif de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) à partir de 2030, si possible plus tôt, et annoncé qu'elle s'efforcerait d'ici là de réduire de 60 à 65% l'intensité de son économie en carbone.
Le Premier ministre chinois, Li Keqiang, a présenté la contribution de la Chine à la lutte contre le réchauffement climatique au chef de l'Etat français, François Hollande, à cinq mois de la conférence de Paris sur le climat (COP21).
Les 195 pays participants ont jusqu'au 1er octobre pour déposer leur contribution nationale à l'objectif de maintien global du réchauffement de la planète sous le seuil de 2°C.
A ce jour, seulement 41 l'ont fait, dont les Etats-Unis et, collectivement, les 28 membres de l'Union européenne. La Chine, plus gros émetteur mondial avec les Etats-Unis, est le 42e.
La France voit dans la Chine un "partenaire clef", dont l'engagement pourrait inciter de grands pays émergents à s'associer à la lutte contre le réchauffement climatique, et la contribution chinoise était très attendue.
"Le Président de la République salue l'annonce par la Chine de sa contribution nationale pour la COP21, qui confirme son engagement à construire une civilisation écologique", a fait savoir la présidence française après la rencontre.
Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a reconnu mardi qu'il s'agissait pour l'essentiel de la confirmation d'engagements déjà pris par la Chine avec les Etats-Unis fin 2014, avec des "précisions", notamment sur le charbon et l'augmentation de la couverture forestière.
Selon un communiqué chinois, Li Keqiang a déclaré à François Hollande que la Chine prévoyait le pic de ses émissions de CO2 "autour de 2030" mais s'efforcerait d'y parvenir plus tôt, ce que la plupart des experts jugent probable.
"POINT DE DÉPART"
C'est ce que prévoit déjà l'accord entre Pékin et les Etats-Unis, de même que l'objectif réaffirmé d'une part d'"environ 20%" en 2030 des énergies non fossiles dans la consommation énergétique primaire de la Chine.
La principale nouveauté de la contribution chinoise réside dans son objectif de réduction de l'"intensité carbone" de son économie - ses émissions de CO2 par point de PIB.
Pékin promet de réduire cette intensité de 60 à 65% en 2030 par rapport à 2005. Jusqu'ici, son objectif déclaré était de la diminuer de 40 à 45% d'ici 2020.
Pour l'organisation écologiste internationale Greenpeace, les engagements pris par Li Keqiang doivent être considérés comme un premier pas vers un "rôle plus actif" de la Chine et "le point de départ d'actions beaucoup plus ambitieuses".
"Pour que Paris soit un succès, tous les acteurs, y compris la Chine et les Etats-Unis, doivent relever leur niveau de jeu", a déclaré Li Shuo, spécialiste du climat pour Greenpeace Chine.
"Nous pensons que (la Chine) peut faire beaucoup mieux que ce qu'elle a proposée aujourd'hui", a-t-il ajouté.
La Chine s'engage aussi à augmenter d'ici 2030 son "stock forestier" d'environ 4,5 milliards de m3 par rapport à 2005.
La Chine prévoit enfin de généraliser ses sept marchés carbone locaux et régionaux actuels à l'ensemble du pays fin 2016-début 2017, dit-on de source diplomatique française.
L'Elysée a par ailleurs annoncé la création d'un fonds franco-chinois pour financer dans des pays tiers des projets liés à la lutte contre le changement climatique.
Le Premier ministre chinois, en visite de trois jours en France, avait auparavant participé à un sommet entre l'Union européenne et la Chine à Bruxelles lundi, qui s'est notamment conclu par une déclaration commune sur le climat.
(Julien Ponthus et Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)