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La Grèce obtient une bouffée d'oxygène de la part de la BCE

Publié le 17/07/2015 00:06
Des Grecs font la queue à l'extérieur d'une banque à Thessalonique le 6 juillet 2015 (Photo Sakis Mitrolidis. AFP)

Des Grecs font la queue à l'extérieur d'une banque à Thessalonique le 6 juillet 2015 (Photo Sakis Mitrolidis. AFP)

Après le vote houleux de premières réformes, la Grèce pouvait caresser l'espoir jeudi de remplir rapidement ses caisses, et a obtenu une bouffée d'oxygène pour ses banques de la part de la BCE, ralliée à un allègement de la dette.

Dans la soirée le gouvernement grec annonçait la réouverture dès lundi des banques, fermées depuis le 29 juin. Toutefois, selon le ministre-adjoint des Finances, Dimitris Mardas, les retraits resteront limités à 60 euros par jour, alors que toutes les autres opérations pourront à nouveau avoir lieu.

Dans la foulée d'un vote dans la nuit de mercredi à jeudi du Parlement grec, qui a mis sur les rails des réformes en tant que gage de bonne volonté et au prix de fortes tensions politiques, Athènes a reçu le soutien appuyé du président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi pour trouver un moyen d'alléger sa dette, une nécessité "indiscutable".

Malgré ce soutien de poids, des élections anticipées pourraient "très probablement avoir lieu" d'ici à octobre, a jugé le ministre de l'Intérieur Nikos Voutsis.

Le Parlement grec a entériné quatre réformes, dont une hausse de la TVA, conformément aux exigences des créanciers, mais au prix de beaucoup de défections dans les rangs de la formation de gauche radicale Syriza du Premier ministre Alexis Tsipras.

Satisfaits, les ministres des Finances de la zone euro ont donné leur aval jeudi à l'ouverture de négociations officielles pour un 3e plan d'aide de plus de 80 milliards d'euros, dont le principe avait été approuvé lundi.

Et après la levée des réticences de Londres sur l'utilisation d'un fonds communautaire des 28 pays de l'UE, Athènes devrait pouvoir toucher de l'argent dans les tout prochains jours pour faire face aux dépenses courantes et à un gros remboursement de 4,2 milliards d'euros à la BCE lundi.

- Sept milliards de "pont" financier -

Pour assurer, au moins en partie, ce "pont" financier, la Commission européenne a proposé un prêt de sept milliards d'euros puisés dans un fonds communautaire. Le ministre britannique des Finances, George Osborne, qui ne voulait pas que les contribuables britanniques passent à la caisse pour régler les problèmes du bloc de la monnaie unique, a annoncé un accord avec la Commission jeudi soir.

Dans la journée le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), en réunion ordinaire à Francfort, a relevé de 900 millions d'euros le plafond des prêts d'urgence ELA, bouée de sauvetage des banques grecques. "Les conditions d'un relèvement d'ELA sont à nouveau réunies", a dit M. Draghi.

Le Parlement grec doit voter la semaine prochaine d'autres réformes promises, et la BCE devrait gonfler encore un peu plus les volumes d'ELA à chaque avancée de ce type, notait Holger Schmieding, analyste de Berenberg, évoquant "la carotte" tenue par M. Draghi.

Il subsiste néanmoins "des interrogations sur la volonté et la capacité (du gouvernement grec) à mettre en oeuvre" les réformes promises, a reconnu M. Draghi, pour lequel "il sera du ressort du gouvernement grec" de lever ces doutes.

- Berlin intraitable sur la dette -

A Athènes M. Tsipras paraissait fragilisé par la perte de sa majorité parlementaire. Evoquant une "déchirure", le quotidien grec libéral Katherimini tablait sur un remaniement ministériel. Mais Alexis Tsipras lui-même s'est contenté de critiquer jeudi soir les dissidents au sein de son parti de gauche radicale Syriza sans parler de sanctions.

Du côté des Européens, on attend vendredi l'aval des députés du Bundestag, la chambre basse du parlement allemand, qui doit mandater son gouvernement pour négocier le 3e plan d'aide à la Grèce. Même si la chancelière Angela Merkel fait face à de plus en plus de grogne dans son camp conservateur, le feu vert de l'assemblée est assuré.

En revanche, pour l'Allemagne, la question d'une réduction de la dette de la Grèce, qui atteint 180% du PIB reste particulièrement sensible.

Le FMI a récemment jugé la dette grecque "totalement non-viable" et exhorté les Européens à l'alléger massivement par un rééchelonnement ou un effacement partiel, une option âprement combattue par l'Allemagne.

Un véritable effacement de la dette est incompatible avec le fait d'appartenir à l'union monétaire", a réaffirmé jeudi le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble.

Le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew , en visite en France et en Allemagne, a, quant à lui, souligné "l'importance de parvenir à une solution sur la viabilité de la dette (de la Grèce, ndlr) au cours des prochaines négociations".

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