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Bitcoin: Karpelès en détention au Japon pour détournement de fonds

Publié le 21/08/2015 14:26
Mark Karpelès, l'ex-président de la plateforme de monnaie virtuelle, Bitcoin exchange, lors d'une conférence de presse à Tokyo, le 28 février 2014 (Photo Jiji Press. JIJI PRESS)

Mark Karpelès, l'ex-président de la plateforme de monnaie virtuelle, Bitcoin exchange, lors d'une conférence de presse à Tokyo, le 28 février 2014 (Photo Jiji Press. JIJI PRESS)

La police japonaise a décidé vendredi de maintenir en détention le Français Mark Karpelès, ex-patron de la plateforme de monnaie virtuelle (bitcoin) MtGox, cette fois sur des accusations de détournement de fonds de ses clients.

Après trois semaines de garde à vue, un nouveau mandat d'arrêt a été émis à l'encontre du suspect, soupçonné d'avoir empoché 321 millions de yens (2,3 millions d'euros au cours actuel) de dépôts de bitcoins, a indiqué à l'AFP un fonctionnaire de police, confirmant des informations de presse.

M. Karpelès aurait dépensé la majeure partie de cette somme pour l'achat de droits de logiciels mais aurait aussi déboursé 43.000 euros pour s'offrir un lit de luxe, ont rapporté l'agence de presse Kyodo et le quotidien Yomiuri.

Ce jeune geek de 30 ans, qui réside à Tokyo, avait dans un premier temps été interpellé le 1er août pour avoir falsifié des données dans le système informatique de la plateforme en 2013, afin de créer artificiellement un million de dollars (910.500 euros).

Les enquêteurs disposent désormais de 20 jours supplémentaires pour le soumettre à d'intenses interrogatoires, et tenter de lever le mystère sur les dessous de la faillite de MtGox qui a laissé des milliers d'investisseurs ruinés.

En vertu du système judiciaire japonais, la police peut maintenir en détention un suspect jusqu'à 20 jours sans mise en examen. Cette période arrivait à échéance samedi pour le Français, dont la nouvelle "arrestation" remet donc les compteurs à zéro.

Mark Karpelès, qui encourt jusqu'à cinq ans de prison, nie en bloc les accusations, d'après les médias.

- "Jeu de rôle" -

L'effondrement spectaculaire l'an dernier de MtGox, victime d'une cyber-attaque massive selon son ex-patron, avait entaché la réputation du bitcoin.

La société avait stoppé ses transactions en février 2014, avant de déposer le bilan, admettant avoir perdu 850.000 bitcoins pour une valeur de 48 milliards de yens (près de 350 millions d'euros).

MtGox, basée au Japon, constituait l'une des plateformes d'échange "historiques" de cette monnaie créée sur ordinateur en 2009 et qui a vu sa valeur s'envoler de quelques cents à ses débuts jusqu'à plus de 1.000 dollars fin 2013, avant de refluer. A titre indicatif, un bitcoin valait environ 235 dollars vendredi, selon l'indice CoinDesk, qui fait la moyenne des cours sur les principales plateformes d'échange.

Selon les dires d'une personne se présentant comme un ancien employé de MtGox sur internet, Mark Karpelès, qui gardait son propre argent et celui de ses clients sur le même compte en banque, était un gestionnaire incompétent s'imaginant dans un "jeu de rôle". "Il n'a pas vraiment saisi que l'argent déposé sur son compte signifiait bien plus pour les gens que de simples chiffres sur son écran".

Né le 1er juin 1985 à Dijon, Mark Karpelès, cheveux longs et corpulence massive, a souvent été décrit comme un génie informatique, asocial - de son propre aveu - et capable de passer plusieurs jours d'affilée devant son ordinateur.

Embauché à l'âge de 18 ans comme technicien informatique par un éditeur de jeux en ligne installé à Paris, il connaît en 2005 des ennuis judiciaires avec son employeur, qui lui vaudront d'être condamné, en son absence, à un an d'emprisonnement pour piratage.

Entre-temps, il s'est installé au Japon où il achète en 2011 la majorité de MtGox, accédant à un rôle de premier plan dans l'univers du bitcoin avant d'en être déchu trois ans plus tard.

Dans la foulée de l'arrestation de Mark Karpelès, le gouvernement japonais avait rappelé la nécessité de mettre en place, en coordination avec les autres pays du G7, un cadre légal de régulation pour cette monnaie virtuelle, régulièrement mise en cause pour son opacité et sa volatilité.

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