PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy a demandé mercredi l'éviction de Nadine Morano de la campagne pour les régionales de décembre après que son ancienne ministre eut maintenu ses propos sur la "race blanche" française, obligeant l'ancien président à clarifier sa position.
Le président des Républicains, qui n'avait pas jusqu'ici réagi publiquement à la polémique déclenchée samedi soir par l'élue frondeuse, a annoncé par communiqué la saisine de la Commission nationale d'investiture "pour lui proposer de retirer l'investiture en Meurthe-et-Moselle à Nadine Morano".
"Ses derniers propos ne correspondent ni à la réalité de ce qu'est la France ni aux valeurs défendues par les Républicains", a-t-il déclaré. Nadine Morano avait dit sur France 2 que la France était un pays de "race blanche" et qu'elle devait le rester.
"Que tous ceux qui cherchent par leurs déclarations à s'assurer une publicité qui nuit à la crédibilité des Républicains comprennent que cela ne peut pas rester sans conséquence", a-t-il ajouté.
Lors d'une matinée de travail de LR sur la réforme du Code du travail, éclipsée par l'affaire Morano, Nicolas Sarkozy a martelé qu'il "n'accepterai (t) aucun dérapage".
"Je ne veux pas la caricature de ce que nous sommes", a-t-il dit en précisant que "chacun doit avoir conscience de ses responsabilités, spécialement à deux mois des régionales".
Philippe Richert (LR), qui conduit la liste Les Républicains-UDI-MoDem en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, avait estimé que la candidate s'était mise en marge du parti par ses "dérapages" et avait demandé officiellement à Nicolas Sarkozy de "prendre ses responsabilités".
MORANO MENACE DE "DÉZINGUER" SARKOZY
Des responsables de LR estiment désormais que se pose la question de l'exclusion pure et simple de Nadine Morano, qui reste potentiellement un problème pour Nicolas Sarkozy.
La polémique, qui a éclipsé mercredi ses propositions économiques, menace d'être ravageuse pour le président de LR qui a fait de l'unité son mot d'ordre, du combat contre le Front national l'une de ses priorités et de l'alliance avec le centre sa stratégie pour la présidentielle.
Priée par l'entourage de Nicolas Sarkozy, qui refuse de lui parler, de formuler des excuses publiques, Nadine Morano a persisté mercredi matin en dénonçant une "instrumentalisation" de ses déclarations par les principaux prétendants à la primaire de 2016, l'ancien Premier ministre Alain Juppé notamment.
La députée européenne s'est déclarée candidate à l'investiture présidentielle début septembre, une décision qui a définitivement scellé la rupture avec Nicolas Sarkozy.
Fidèle parmi les fidèles et populaire au sein des militants sarkozystes, elle n'a toujours pas digéré que l'ancien chef de l'Etat la relègue au second plan lors de son retour en politique en septembre 2014 et marque depuis son indépendance tout en tentant de préempter le coeur de l'électorat de Nicolas Sarkozy.
Nadine Morano a vivement réagi aux déclarations du président des Républicains, qu'elle met sur le compte de la compétition pour la primaire LR en vue de la présidentielle de 2017, se montrant même menaçante vis-à-vis de son ancien mentor.
"C'est un procès en sorcellerie. Sur quel fondement veut-on m'évincer ? Aucune plainte n'a été déposée contre moi. On veut me dézinguer parce que je suis candidate à la primaire", a-t-elle déclaré au site internet du magazine Le Point.
"Quant à Nicolas Sarkozy, ce n'est même pas la peine qu'il songe à se présenter à la présidentielle, je le dézinguerai !"
(Sophie Louet avec Emile Picy et Gilbert Reilhac à Strasbourg, édité par Yves Clarisse)