Air France "n'a pas d'autre choix que de se restructurer", sous peine de connaître le même "destin tragique" que des compagnies aériennes comme Swissair ou Sabena qui ont disparu, a déclaré vendredi le Premier ministre Manuel Valls.
"Il y a des compagnies nationales qui ont disparu, qui, comme Swissair ou Sabena (compagnie belge, NDLR), n'existent plus", a souligné M. Valls lors d'un débat organisé par le Club de l'Economie du quotidien Le Monde.
"Air France n'est pas à l'abri de ce destin tragique (soit) face à la concurrence low-cost et des grandes compagnies qui (...) se sont restructurées, soit des compagnies du Golfe qui bénéficient d'un certain nombre, on va dire pudiquement, d'avantages sociaux", a-t-il estimé.
"Donc il n'y a pas d'autre choix que de se restructurer, cela doit se faire par le dialogue social évidemment mais l'ensemble des métiers - et ça commence par les pilotes - doivent assumer totalement leurs responsabilités", a-t-il insisté.
"Parce que si les pilotes ne se mettent pas autour de la table et ne participent pas de cet effort, (...) l'effort reposera sur les autres salariés", a-t-il ajouté.
La direction d'Air France a confirmé jeudi vouloir supprimer un millier d'emplois en 2016 par des départs volontaires, durant un comité central d'entreprise jugé "confus" par les syndicats.
Direction et syndicats avaient échoué à s'entendre sur le plan de développement "Perform 2020", qui prévoit de faire voler le personnel une centaine d'heures de plus par an, à salaire égal. Le 5 octobre, la compagnie a présenté un plan de "restructuration" menaçant 2.900 postes en 2016 et 2017.
L'annonce a été suivie par l'agression de deux dirigeants, obligés de fuir des manifestants, chemises en lambeaux. Cinq salariés seront jugés le 2 décembre pour violence.
Air France a depuis fait savoir qu'il était possible "d'éviter" la deuxième phase du plan, la plus douloureuse.
Les 1.900 postes menacés en 2017 sont "suspendus au fait de trouver des accords avec les pilotes et les personnels au sol pour gagner en productivité", a indiqué jeudi Didier Fauverte, secrétaire (CGT) du CCE.