par Pascale Denis et Sybille de La Hamaide
PARIS (Reuters) - L'Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) estime que les viticulteurs peuvent s'adapter au réchauffement climatique et ne voit pas de menace, à court ou moyen terme du moins, sur les appellations d'origine contrôlées (AOC).
Le secteur se prépare d'ores et déjà aux conséquences de l'élévation des températures sur la taille du vignoble, les variétés de cépages et les procédés de vinification.
"Le changement climatique a bien sûr des conséquences sur la vigne et le vin", a déclaré à Reuters Jean-Marie Aurand, directeur général de l'OIV.
Mais les viticulteurs se sont déjà adaptés à des conditions qui ont évolué et ils continueront de le faire, a-t-il ajouté.
Les vendanges sont plus précoces, la taille des vignes a été modifiée et de nouvelles techniques sont apparues pour "désalcooliser" des vins dont le degré s'est élevé avec des températures plus élevées en été.
Dans le Bordelais, les viticulteurs ont lancé un programme de recherche sur les cépages susceptibles de s'adapter au réchauffement, une expérience unique au monde.
Alors que certains s'interrogent sur la pérennité de certaines appellations, comme le champagne, Jean-Marie Aurand dit "ne pas être inquiet à court ou moyen terme", ajoutant cependant que rien ne permet de prévoir ce que seront les conditions d'élevage à l'horizon 2050.
Par ailleurs, rappelle-t-il, la vigne compte parmi les plantes ayant d'infinies capacités d'adaptation.
Sur l'île subdésertique de Lanzarote (Canaries), elle pousse dans des cuvettes de lave pour être protégée du vent et absorbe, en guise d'arrosage, la rosée infiltrée dans les pierres volcaniques.
En Grèce, les sarments sont rabattus et les grappes poussent à l'ombre des feuillages, comme dans un berceau.
A l'inverse, en Chine, 8e producteur mondial de vin, 80% des vignes poussent dans des régions où les températures chutent à moins 30 degrés pendant l'hiver. Pour les protéger, les viticulteurs les recouvrent de terre jusqu'au printemps.
PRODUCTION MONDIALE EN HAUSSE DE 2%
La France, dont la production devrait augmenter de 1% en 2015, devrait retrouver cette année son rang de deuxième producteur mondial de vins derrière l'Italie (+10%) et devant l'Espagne (-4%), selon les estimations de l'OIV.
L'Italie, champion mondial de la production, avait subi en 2014 d'importants aléas climatiques qui s'étaient soldés par une chute de 15% de sa production.
Quatrième producteur mondial, les Etat-Unis ont vu quant à eux leur production augmenter de 1% tandis qu'en Chine, la production devrait poursuivre sa hausse avec l'extension des surfaces plantées ces dernières années, notamment dans la région très prisée de Ningxia, où Chandon, vin pétillant du groupe LVMH s'est lancé en 2014.
Au total, la production mondiale pourrait atteindre 275,7 millions d'hectolitres en 2015, en hausse de 2%.
Sur le plan de la consommation, peu de modifications sont à attendre, avec une poursuite du recul en volume dans les pays de tradition viticole comme la France, l'Italie et l'Espagne.
"Les pays historiquement producteurs reculent, avec une modification des habitudes", souligne le dirigeant de l'OIV.
A l'inverse, les tendances sont à la hausse aux Etats-Unis, devenus le premier consommateur mondial de vin devant la France en 2013, ainsi qu'en Europe du Nord et en Amérique latine.
En Chine (5e consommateur mondial), où les mesures anticorruption ont mis un coup de frein aux achats de grands crus français et où la croissance économique marque le pas, la progression de la consommation ralentit.
"Il n'y a pas de chute brutale car le niveau de vie augmente, et avec lui la population dotée d'un pouvoir d'achat suffisant pour acheter du vin", souligne Jean-Marie Aurand.
(Edité par Dominique Rodriguez)