par Xiaoyi Shao et Nicholas Heath
PEKIN (Reuters) - L'activité manufacturière s'est contractée contre toute attente en Chine en octobre, et ce pour le troisième mois d'affilée, laissant craindre à nouveau une croissance au ralenti au quatrième trimestre en dépit de la vague de mesures de relance économique prises ces derniers temps.
Beaucoup d'économistes pensaient que la croissance toucherait son point bas au troisième trimestre et anticipaient un léger mieux en fin d'année et au début de la suivante, les mesures déjà prises produisant peu à peu leurs effets, mais il semble que Pékin doive aller encore plus loin.
Le secteur des services, l'un des rares foyers de dynamisme de la deuxième économie mondiale, a montré lui aussi des signes de lassitude le mois dernier, avec la croissance la plus faible depuis près de sept ans.
L'indice officiel des directeurs d'achats (PMI) a été de 49,8 en octobre comme en septembre, alors que les économistes interrogés par Reuters l'attendaient à 50, niveau qui sépare la croissance de la contraction.
Le sous-indice des commandes à l'exportation s'est contracté pour le 13e mois consécutif mais celui des commandes nouvelles, indicateur des tendances de la demande tant extérieure qu'intérieure, a un peu progressé, à 50,3 contre 50,2 en septembre.
Face à une demande atone, les entreprises industrielles ont continué de licencier, à un rythme un peu plus marqué qu'en septembre.
"En raison d'une reprise molle de l'économie mondiale et de pressions baissières sur l'économie locale, les industriels restent confrontés à une situation de l'import-export difficile", commentait Zhao Qinghe, un statisticien du Bureau national de la statistique, dans un communiqué accompagnant les indicateurs.
LES TEMPS SONT DURS POUR LES PME
L'indice officiel PMI du secteur tertiaire a fléchi à 53,1 en octobre contre 53,4 en septembre. Il atteste d'un rythme d'activité qui reste soutenu mais qui est au plus bas depuis la fin 2008, soit depuis la crise financière mondiale.
La croissance annualisée de la Chine a été de 6,9% au troisième trimestre, tombant sous les 7% pour la première fois depuis la crise financière, et certains experts pensent que la croissance réelle est bien inférieure à l'image qu'en donnent les statistiques officielles.
Une dévaluation brutale du yuan et les avanies des marchés boursiers chinois l'été dernier ont fait ainsi craindre un atterrissage en catastrophe de l'économie chinoise malgré les dénégations de Pékin.
Les autorités ont réduit les taux d'intérêt à six reprises depuis novembre 2014 et ont abaissé le coefficient des réserves obligatoires par quatre fois cette année, la dernière fois le 23 octobre.
"Dans la mesure où les risques de déflation s'intensifient, une nouvelle baisse des réserves obligatoires avant la fin de l'année reste possible", estiment les économistes d'ANZ Bank.
En dépit de mesures d'assouplissement monétaire et de stimulation économique sans précédent depuis la crise de 2008-2009, les PME chinoises ont encore du mal à se financer parce que les banques préfèrent prêter aux grandes entreprises publiques.
L'activité des PME a encore fléchi en octobre et un plus grand nombre d'entre elles étaient exposées à un manque de ressources. Les PME représentent jusqu'à 80% de l'emploi urbain et 60% du PIB chinois.
(Wilfrid Exbrayat pour le service français)