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Les attentats portent un coup aux engagements budgétaires de la France

Publié le 17/11/2015 18:11
Le Premier ministre Manuel Valls arrive à l'Elysée pour une réunion le 15 novembre 2015 (Photo STEPHANE DE SAKUTIN. AFP)

Le Premier ministre Manuel Valls arrive à l'Elysée pour une réunion le 15 novembre 2015 (Photo STEPHANE DE SAKUTIN. AFP)

Les dépenses sécuritaires annoncées par l'exécutif après les attentats de Paris remettent en cause les engagements budgétaires de la France, qui devait ramener son déficit à moins de 3% du PIB en 2017, même si l'ampleur du dérapage devrait être limitée.

"Le pacte de sécurité l'emporte sur le pacte de stabilité", a prévenu lundi François Hollande, en annonçant la création de 5.000 postes de policiers et gendarmes et le gel de 9.200 suppressions de postes de militaires prévues entre 2017 et 2019.

"Ces décisions budgétaires seront prises dans le cadre de la loi de finances pour 2016. Elles se traduiront par un surcroît de dépenses que j'assume", a ajouté le chef de l'Etat, laissant entendre que la réduction du déficit promise à Bruxelles ne serait pas respectée.

Un message répété mardi matin - en des termes plus directs - par Manuel Valls, qui a assuré que les objectifs budgétaires "seront forcément dépassés".

"Nous devons donner tous les moyens (...) à la police, à la gendarmerie ainsi qu'aux services de renseignement", a déclaré le Premier ministre sur France Inter, en précisant que ces dépenses ne se feraient pas "au détriment des autres budgets".

"Il est temps aussi que l'Union Européenne, la Commission européenne comprennent que c'est un combat qui concerne la France mais aussi l'Europe. Nous sommes intervenus au Mali pas seulement pour le Mali, pas simplement pour la France", a-t-il insisté.

Le gouvernement avait promis à ses partenaires européens de ramener son déficit public de 3,8% du PIB cette année à 3,3% en 2016, puis à 2,7% en 2017, date à laquelle il s'engageait jusque-là à revenir "dans les clous" du pacte de stabilité européen.

Ce "pacte", adopté en 1997, prévoit que les membres de la zone euro maintiennent un déficit public qui ne doit pas dépasser 3% de leur PIB, un objectif que la France n'a toujours pas réussi à atteindre sept ans après la crise financière de 2008.

- Un message "politique" -

Réagissant à l'annonce du gouvernement, la Commission européenne, qui s'était dite sceptique début novembre sur la capacité de Paris à ramener son déficit sous la barre des 3% d'ici 2017, a assuré qu'elle ferait preuve de bienveillance.

"Les règles du pacte de stabilité n'empêchent pas les Etats de définir leurs priorités. Nous comprenons ce qu'est la priorité à la sécurité", a dit le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.

Le pacte "n'est ni rigide, ni stupide (...) Il est capable de faire face à bien des situations", a poursuivi le commissaire.

"Il est sans doute nécessaire de renforcer les mesures de sécurité ", a abondé le patron du Medef, Pierre Gattaz. Tout en invitant le gouvernement à ne "pas laisser partir à vau-l'eau les dépenses publiques".

Combien coûteront les nouvelles mesures annoncées par l'exécutif ? Quelle sera l'ampleur du dérapage budgétaire de la France? Interrogé lundi soir, Bercy a évalué les dépenses nouvelles à quelques "centaines de millions d'euros".

"C'est bien un surcoût. Malgré tout, cela reste compatible avec nos équilibres et ne remet pas en cause nos engagements européens", a ajouté Bercy. Un message maintenu mardi matin par le ministère après l'intervention de Manuel Valls.

Selon des experts interrogés par l'AFP, le dérapage budgétaire lié à ces nouvelles mesures devrait être compris entre un et deux milliards d'euros au maximum en 2016. Soit l'équivalent de 0,05% à 0,1% du PIB.

"Les effectifs annoncés sont importants, mais en termes de masse salariale, le coût ne sera pas énorme. Ca ne va pas remettre en cause la trajectoire de réduction du déficit public", estime pour sa part Mathieu Plane, économiste à l'OFCE.

Qu'en sera-t-il en cas d'intervention militaire de plus grande ampleur en Irak ou en Syrie? Voire dans d'autres pays considérés comme des bases arrières du terrorisme ?

"Le message du gouvernement est avant tout politique. L'objectif, c'est de rappeler à Bruxelles que la France prend en charge des dépenses de sécurité qui concernent toute l'Europe, et qu'avec les attentats, la donne a changé", ajoute le chercheur.

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