Les ministres français et allemand de l'Economie, Emmanuel Macron et Sigmar Gabriel, ont proposé mardi la création d'un fonds franco-allemand de 10 milliards d'euros qui servirait à financer la sécurisation des frontières et l'accueil des réfugiés.
Animés par une volonté de "préserver la vitalité du projet européen", les deux ministres, qui s'étaient vus samedi à Paris, ont proposé dans un courrier adressé mardi au président François Hollande et à la chancelière Angela Merkel la création d'un fonds, auquel abonderaient pour commencer Paris et Berlin à hauteur de 10 milliards d'euros "pour financer la sécurité et le contrôle des frontières, et l'accueil des réfugiés", a déclaré M. Macron lors d'un déplacement à Berlin.
Evoquant cette initiative lors d'un discours, M. Gabriel a également mentionné comme destination de cet argent des aides financières aux pays qui accueillent beaucoup de réfugiés avant leur départ pour l'Europe, comme le Liban, la Jordanie et la Turquie.
L'Allemagne fait face à des arrivées massives de candidats à l'asile - jusqu'à un million cette année - et milite pour un contrôle renforcé aux frontières extérieures de l'UE.
La France vient pour sa part d'être touchée par des attaques meurtrières perpétrées par le groupe jihadiste Etat islamique et des soupçons semblent indiquer que certains suspects ont pu emprunter la route des migrants traversant les Balkans vers l'Europe occidentale.
"Le risque que nous voyons poindre c'est que nos peuples, nos partis politiques, nos gouvernements décident de traiter séparément" ces défis, a développé M. Macron, insistant sur la nécessité au contraire d'apporter une réponse commune, et décrivant le fonds proposé comme "la réponse de court terme qui (leur) paraît nécessaire".
Ce fonds, dont il n'a précisé ni les modalités de constitution ni le financement, serait "ouvert", c'est-à-dire que d'autres pays européens seraient dans un deuxième temps invités à y participer. La création de ce fonds "supposera d'installer une discussion permanente" sur ces sujets, a espéré M. Macron.
Car si l'Allemagne se sent abandonnée par ses partenaires dans l'accueil des réfugiés et si la France se sent délaissée dans son combat contre le terrorisme "au final nous risquons de voir les divergences entre nos deux pays se creuser", a-t-il argumenté dans un discours devant le congrès de la fédération BDA des employeurs allemands.
L'idée des deux ministres parait a priori difficile à faire accepter financièrement par la chancelière et son ministre des Finances Wolfgang Schäuble.
Dans un discours au parlement allemande mardi, M. Schäuble a toutefois reconnu que l'accueil et l'intégration des réfugiés était "la priorité numéro un" pour l'Allemagne à l'heure actuelle, la question d'éventuels déficits ayant seulement la place "numéro deux".
Mme Merkel doit rencontrer le président Hollande mercredi à Paris.